Les femmes moins payées et plus menacées par la crise
La DARES publiait en juin dernier des données confirmant les écarts de salaire en défaveur des femmes. Cette étude confirme qu’à poste égal les femmes sont payées de 4 à 10% de moins que les hommes. Une inégalité qui prive les femmes de salaire, de droits sociaux issus de leurs cotisations et qui prive la sécurité sociale d’environ 24,4 milliards d’euros.
À côté des discriminations dont se rendent coupables un certain nombre d’employeurs dans la fixation des rémunérations, les femmes subissent d’autres phénomènes discriminants qui conduisent à des embauches à plus bas salaires.
En 2018, 51,2% des femmes de 30 à 34 ans sont diplômées du supérieur contre 41% des hommes de la même tranche d’âge. Elles sont également les plus nombreuses dans l’enseignement supérieur. Seulement, les femmes se retrouvent majoritairement dans les filières les moins valorisées quand les hommes sont dans les filières plus valorisées, notamment scientifiques. Par exemple sur les bancs de polytechnique on ne retrouve que 27% de femmes, le plus souvent sur des formations qui conduisent aux emplois les moins bien payés parmi les polytechniciens.
Les conséquences sont faciles à deviner, les femmes se retrouvent dans des emplois et des filières moins bien rémunérées. On note par ailleurs qu’elles sont majoritaires dans 12 familles professionnelles, toutes à faible niveau de rémunération. On trouve notamment, par ordre de surreprésentation féminine : les secrétaires, employées des services comptables ou financiers, nettoyeuses, aides à domicile, caissières, etc.
Mais les femmes sont également les premières victimes du travail à temps partiel puisqu’elles sont plus de 80% dans ces formes d’emploi. Ce qui porte l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes à 24%.
À ces inégalités s’ajoutent la menace sur l’emploi qui est plus forte sur l’emploi féminin. 54% des postes menacés dans le monde concernent les femmes. En cause, encore une fois, les types d’emploi à prédominance féminine, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du commerce, particulièrement touchés par la crise.
Le Gouvernement mise sur l’entrepreneuriat pour les jeunes
Le plan jeune du Gouvernement comprend parmi ses 17 dispositifs pour l’emploi des jeunes, des financements à la création d’entreprise. Près de 20.000 aides et 40 millions d’euros sont prévus directement pour accompagner des jeunes dans la création d’entreprise et plusieurs autres dispositifs d’accompagnement peuvent aussi aboutir à cela sans être directement orientés en ce sens.
On savait cette idée chère à Emmanuel Macron qui souhaite que les jeunes aient envie de devenir milliardaires. Mais vouloir orienter les jeunes vers la création d’entreprise n’a rien de nouveau, comme à peu près tout ce que porte Emmanuel Macron.
On voit en effet se développer dans les Universités depuis quelques années des modules d’entrepreneuriat. C’est un mouvement qui existe depuis les années 1970 d’après la chercheuse Olivia Chambard qui publie un livre issu de sa thèse intitulé business model, l’Université, nouveau laboratoire de l’idéologie entrepreneuriale.
120.000 étudiants ont pu se voir asséner ce type de module pour la dernière année universitaire d’après le ministère de l’Enseignement supérieur. Mais ces modules, quoiqu’ils affichent la volonté de promouvoir l’innovation, conduisent à n’envisager celle-ci que sous l’angle de la rentabilité. A croire qu’après une crise sanitaire qui a mis en évidence les impasses d’une pensée courtermiste, aucune leçon n’a été tirée.
En réalité, ce type de réponse n’est rien d’autre qu’un renoncement de l’Etat à avoir une vision stratégique pour le pays. Il ne fait ici que rejeter la responsabilité du chômage des jeunes sur les jeunes eux-mêmes, les incitant à entreprendre et à se débrouiller seuls avec quelques deniers, faute de pouvoir assurer un avenir à la nation par une véritable politique d’enseignement, de formation, de recherche et de développement économique.