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L’impact positif du diplôme sur le taux d’activité
France stratégie a publié en février une note d’analyse sur l’influence du diplôme sur le taux d’activité. Par taux d’activité, il faut entendre le nombre de personnes en activité (en emploi et au chômage) rapporté à l’ensemble de la population en âge de travailler, soit de 15 à 64 ans.
La première chose que fait cette étude est d’exclure de son analyse les plus jeunes. La démocratisation des études a fait chuter de 15,4 points le taux d’activité des 15-24 ans entre 1983 et 2018, alors que pour le reste, ce taux a augmenté de 7,2 points sur la même période, soit un taux de 80%.
Sans surprise, cette note nous apprend que les diplômé·e·s du supérieur ont un taux d’activité qui est systématiquement plus élevé que les moins diplômé·e·s. Mais l’augmentation du niveau de diplôme aurait permis de compenser la baisse du taux d’activité liée au vieillissement de la population active qui a crû de 6 points, pour atteindre 31% en 2018.
La hausse du niveau d’éducation permet donc d’augmenter le taux d’activité. Ce phénomène est particulièrement visible chez les femmes qui ont vu leur taux d’activité plus fortement progresser. Cela serait dû à un différentiel plus important entre les femmes diplômées du supérieur et celles qui ne le sont pas, mais aussi en raison du fort investissement des femmes dans la formation. Elles sont 40% à être diplômées du supérieur contre 35% des hommes.
Le diplôme s’est donc imposé comme un élément déterminant dans l’activité et dans l’accès à l’emploi. Il le sera encore plus encore à l’heure où le nombre de cadres dépasse pour la première fois en France le nombre d’ouvrières et d’ouvriers. Elles et ils représentent respectivement 20,4% et 19,2% de la population active.
En cause, les mutations économiques qui demandent des emplois plus qualifiés et le développement du secteur des services aux entreprises qui recrute beaucoup de cadres. Mais c’est également et surtout le fait de la désindustrialisation et de la délocalisation des emplois ouvriers alors même que nous manquons de répondre à nos besoins productifs comme l’a démontré cette crise avec les masques, les respirateurs mais aussi de nombreux biens de consommation courante pour lesquels nous sommes dépendants d’autres pays.
La prime Macron et la prime d’activité contre les salaires et la sécu
Le 15 mars, le Gouvernement a annoncé qu’il reconduisait la « prime Macron ». Ce dispositif avait été mis en place après la mobilisation des gilets jaunes. Il s’agit d’une prime totalement défiscalisée et exonérée de cotisations sociales.
Une étude de l’INSEE de juillet 2018 établit que ce sont principalement les grosses entreprises qui ont eu recours à ce dispositif. On observe que 58% des entreprises d’au moins 1.000 salariés l’ont versé contre 17% des très petites entreprises, pour une somme moyenne de 401 euros.
L’INSEE estime que l’attribution de cette prime dans 15 à 40% des cas est due à un effet d’aubaine. Loin d’augmenter la rémunération des salarié·e·s, elle s’est en réalité substituée à d’autres formes de rémunération, soumises à cotisations sociales pour ces dernières.
Cette prime étant exonérée de cotisations sociales, les employeurs ont pu privilégier cette forme de rémunération à une autre pour diminuer. Cela même alors que le dispositif coûte déjà 400 millions d’euros en perte de recettes pour la sécurité sociale. C’est autant d’argent qui ne finance pas les droits qu’acquièrent les salarié·e·s par leurs cotisations.
Les salarié·e·s perdent également avec la prime d’activité qui est financée par l’impôt et non par l’employeur. C’était l’objectif affiché d’Emmanuel Macron : augmenter le pouvoir d’achat sans faire payer l’employeur. Mais si ce n’est pas l’employeur qui paye, alors c’est l’Etat. Par un habile tour de passe-passe, ce sont en réalité les salarié·e·s contribuables qui financent leur prime avec l’argent qui devrait financer les services publics.
L’employeur, pendant ce temps-là, profite du travail de son salarié. La prime d’activité est en réalité un moyen de ne pas augmenter le SMIC, qui lui diminuerait la part du capital dans la répartition de la valeur produite dans l’entreprise et permettrait d’augmenter les recettes de la sécurité sociale via les cotisations.
Avec la prime d’activité, les travailleuses et travailleurs ne sont plus sous la dépendance du bon vouloir de l’employeur, mais de l’activité. Quand il y a des recettes, il y a plus de ressources, mais en temps de crise, elles diminuent. Concrètement en 2021 la hausse du chômage diminuerait les sommes allouées à la prime d’activité de 2,4%, soit 200 millions d’euros.
Au final, cette montée en puissance des systèmes de prime, n’est rien d’autre qu’une manœuvre qui permet de contenir les salaires afin d’accroître la rentabilité du capital. Si l’on avait encore un doute sur les priorités du gouvernement…