Chronique sociale : contre le chômage des jeunes, le gouvernement triche avec les chiffres

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Chronique sociale : contre le chômage des jeunes, le gouvernement triche avec les chiffres

Deux fois par mois, notre chronique analyse chiffres, dispositifs et droit du travail.

Prolongation des aides contre le chômage des jeunes

La poursuite de la crise et ses effets dévastateurs sur l’emploi des jeunes conduisent le Gouvernement à prolonger certaines aides et à en étendre d’autres. Avec plus d’un million d’embauches en CDI ou CDD d’au moins 3 mois entre août et novembre 2020, le Gouvernement estime ces dispositifs efficaces.

Les primes à l’embauche ont en effet de quoi être alléchantes. Pour un jeune de moins de 26 ans embauché, l’entreprise gagne, en plus de ce que lui rapporte la force de travail du jeune salarié, 4.000 euros. Il n’y aurait pourtant eu que 220.000 primes attribuées pour un objectif de 450.000. Ce chiffre reste à confirmer, car les employeurs ont 4 mois pour demander la prime.

Ces mesures s’accompagnent d’un site destiné à accéder aux dispositifs du plan de relance et à des offres d’emploi. Baptisé « 1 jeune, 1 solution », le site devrait comprendre 100.000 offres d’emploi d’ici à fin janvier.

Mais le site en question, qui existe déjà et comprend pour l’instant 50.000 offres issues de différents sites d’emploi à l’heure où ces lignes sont écrites, comporte de nombreuses imperfections. Elles sont mal référencées, les fiches de poste sont incomplètes et les offres sont parfois… périmées !

Un autre mécanisme sera l’augmentation du nombre de bénéficiaires de la garantie jeune. Une aide financière variable, qui peut aller jusqu’à 500 euros mais peut être inférieure, et qui s’adjoint à un accompagnement intensif des missions locales.

Cependant, les moyens ne sont pas mis dans les missions locales pour assurer leurs missions convenablement face à une telle augmentation du nombre de bénéficiaires. Rien qu’en Île de France, alors que 100 recrutements sont envisagés dans les missions locales, la CGT estime à 400 le nombre de recrutements nécessaires.

La poursuite du développement de l’apprentissage comme recours au chômage des jeunes

1.200 CFA ont été créés suite à la réforme de 2018. Les entreprises ont profité de la libéralisation de l’apprentissage, elles qui devaient avant recueillir l’approbation de la région.

Les entreprises bénéficient en outre d’aides financières permettant d’embaucher des apprentis quasiment à coût zéro. Cela leur fait profiter d’un effet d’aubaine puisqu’elles peuvent embaucher et former, selon leurs propres exigences, ces jeunes.

Les entreprises peuvent en effet tirer un grand bénéfice de ces nouvelles modalités d’apprentissage. Le CFA d’entreprise peut en effet déléguer la formation théorique à d’autres établissements, notamment des lycées professionnels. Cela lui évite d’avoir à construire des bâtiments, embaucher des formateurs et investir dans des plateaux techniques. C’est notamment ce que font l’Oréal ou Saint-Gobain.

En lisant les Echos, on peut même apprendre que dans un CFA créé par deux entreprises de l’événementiel, sur les 35 heures hebdomadaires, 30 sont dédiées au travail et la formation est digitalisée.

C’est dans ces conditions que l’apprentissage a pu encore progresser en 2020 malgré la crise. Ce sont 440.000 contrats qui ont été signés contre 353.000 en 2019. Reste que de nombreux apprentis n’ont pas encore d’employeur et que le temps presse pour en trouver un s’ils veulent rester inscrits dans leur CFA…


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