Samedi 7 octobre, alors que le monde découvrait l’horreur des attaques du Hamas, il est des hommes qui ont enragé que les places boursières soient fermées le week-end. Toute la journée du dimanche, ils ont dû attendre cyniquement, sourire aux lèvres. Chaque promesse d’escalade guerrière, chaque ressentiment, chaque appel à la vengeance après la découverte d’une nouvelle horreur a dû faire dans leur esprit le bruit d’une caisse enregistreuse.
Enfin, lundi 9 octobre, est venue la délivrance, l’ouverture des marchés, le moment de la récompense. Ils n’ont pas été déçus. L’action du géant américain de l’armement Lockheed Martin a pris 9 % dans la journée, 12 % depuis. Autre leader américain du secteur, Raytheon Technologies a fait un bond de plus de 15 % depuis le 7 octobre. Toujours chez les géants US, Northrop Grumman gagne un peu plus de 10 % depuis l’attaque du Hamas, après un départ ambitieux à +12 % le lundi 9 octobre. Côté britannique, le leader BAE Systems prend près de 5 % au premier jour de cotation, et dépasse le +10 % depuis. En France, Dassault Aviation a pris 7 %.
Voilà des actionnaires qui n’ont aucun intérêt à la désescalade, à la recherche d’une solution pacifique, diplomatique, à une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. Voilà des gens pour qui le droit des deux peuples à vivre en sécurité n’est qu’un obstacle aux profits.
Au vu des sommes engagées depuis le 7 octobre, les marchés financiers parient ouvertement sur la militarisation du monde, sur l’enlisement des conflits, sur l’impossibilité de la paix et de la justice. Dans l’intérêt de toute l’humanité, nous devons leur donner tort.
Chaque bombe qui tombe, chaque balle tirée, chaque vie prise, chaque crime odieux alimentant l’engrenage guerrier gonfle les profits de ces marchands de mort. Quand nous affirmons que chaque vie compte, eux lisent chaque mort sur les charts du New York Stock Exchange.
Les syndicats belges du secteur des transports ont annoncé ne plus manutentionner aucune arme servant au massacre en cours à Gaza. Encore une fois, la classe laborieuse organisée rend honneur à toute l’Humanité. Plutôt que d’emporter dans leurs valises leurs marchands de canons nationaux à chaque déplacement, nos chefs d’État et de gouvernements occidentaux seraient mieux inspirés d’écouter le monde du travail.
Face à un hôpital en ruine, il y a ceux qui connaissent l’effort que demandera la pose de chaque parpaing de la reconstruction, et ceux qui connaissent la marge brute sur la tonne de béton. Décidément, les peuples du monde ont intérêt à ce que les uns gouvernent et pas les autres.