Augmentation des salaires : de qui se moque la droite ?

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Augmentation des salaires : de qui se moque la droite ?

« La première dignité, c’est celle de pouvoir vivre de son travail ». Jean Jaurès ? Non, Valérie Pécresse. La candidate ne propose rien de moins qu’une augmentation des salaires nets de 10 % jusqu’à 2,2 SMIC, et ce hors inflation. Son de cloche similaire du côté de la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen. Avec la cinquième proposition de ses « vingt-deux mesures pour 2022 », elle s’engage à « permettre aux entreprises » une hausse des salaires équivalente. Le programme d’Éric Zemmour se montre un peu plus modeste, l’axe « soutenir les travailleurs » se contentant d’une timide augmentation des salaires « modestes » « jusqu’à plus de 100 euros par mois ». 

Si la droite extrême et l’extrême droite se rencontrent dans ce grand projet de hausse des salaires, nous le retrouvons également du côté du libéralisme. Le président, candidat de polichinelle, affiche sa volonté de mener le « combat pour l’émancipation par le travail et au travail » dans son programme toujours accessible sur le site internet d’En Marche. Bien entendu, cette lutte salutaire passe par l’augmentation cette fois de l’ensemble des salaires nets. Merci Macron ! 

Derrière ces appels de pied à l’électorat populaire, les quatre candidats de la droite ne masquent pourtant pas leur projet d’une augmentation du « salaire net » au détriment de la répartition réelle des richesses entre travail et capital. Reprenons les programmes. L’ensemble de ces « augmentations » salariales seraient financées par un transfert des cotisations sociales vers la poche des entreprises. En prétendant améliorer le pouvoir d’achat, les droites sacrifient finalement les salaires bruts et la répartition des richesses au sein de la sécurité sociale.

Salaires nets ou salaires bruts

La droite ne perd pas le nord. Saigner la sécurité sociale est un projet de classe aussi vieux que sa création en 1945. Derrière la question du pouvoir d’achat et du niveau de vie se cache la vieille lutte pour la répartition des richesses produites par le travail. 

Les cotisations sociales représentent pour le travailleur une forme de salaire différé. Au lieu de lui être directement transféré en tant que rétribution individuelle à un travail salarié, il est socialisé dans les caisses de la sécurité sociale pour financer santé et retraite, mais également la protection face aux accidents du travail ou encore les allocations familiales. Cette mise en commun des salaires par les cotisations sociales ouvre des droits sociaux qui échappent à la marchandisation et à l’impératif du profit. Elle permet un transfert direct des fruits de la production au bénéfice de toutes et tous. Réduire ou abolir les cotisations patronales versées aux caisses de la sécurité sociale, c’est privatiser au profit du patronat le fruit d’une production collective. En remplaçant les cotisations par l’impôt, il répartit sur l’ensemble de la population sa propre participation au financement de la sécurité sociale. 

La prétendue augmentation des salaires nets n’est plus alors qu’un écran de fumée immédiatement rabattu par les coûts de plus en plus conséquents pour les travailleurs de la destruction de la sécurité sociale.

Faisons des salaires le véritable enjeu de cette campagne présidentielle. La droite nous tend d’une main ce qu’elle nous vole de l’autre. Opposons-lui une véritable répartition des richesses par l’augmentation des salaires bruts et le redéveloppement de la sécurité sociale.


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