Tu as été élu début juin Secrétaire Général du MJCF. Immédiatement, tu as dit que les Jeunes Communistes devaient s’adresser à l’ensemble de la jeunesse. C’est-à-dire ?
Dans les médias, dans les discours de certaines organisations, dans l’imaginaire militant, j’ai l’impression qu’on parle toujours des mêmes jeunes : les jeunes des centres-villes qui se mobilisent de temps en temps pour le climat. J’exagère à peine. Les jeunes des villages qui doivent prendre la voiture pour aller en stage à 30 km de chez eux, qui leur parle ? Les jeunes des villes moyennes qui ont subi la désindustrialisation, à qui on raconte qu’avant “il y avait du boulot ici !”, qui leur parle ? Ne caricaturons pas notre génération, il n’y a pas une jeunesse, mais des jeunesses.
Comment va faire la JC pour s’adresser aux jeunesses dont tu parles ?
Pour moi, on a quatre chantiers devant nous. Il faut qu’on soit toujours plus démocratiques, toujours plus attrayants, toujours plus utiles, et toujours plus structurés. Je m’arrête sur la question de l’utilité : ce n’est pas vrai que les jeunes ne s’engagent plus. Je pense qu’ils cherchent un engagement qui soit utile, quasi-immédiatement. Nous, les militantes et les militants, savons que l’engagement est utile, mais obtenir des victoires, inverser des rapports de forces, c’est souvent un travail de longue haleine. Il faut qu’on soit aussi utiles au jour le jour. Multiplions les gestes de solidarités concrètes, organisons des cars à l’océan, à la montagne, aidons les jeunes à rédiger des CV, organisons des bureaux d’embauches avec la CGT. Voilà une manière de faire de la politique autrement, ça permettra de ramener vers la lutte des classes des jeunes qui en sont un peu éloignés.
Qu’entends-tu par “structurés” ?
S’organiser au plus proche de la jeunesse. Il faut le faire physiquement, avec des groupes militants très locaux, le plus petit possible, pour être très efficaces. Ces groupes nous permettent d’être présents dans les lycées, dans les facs, dans les Cité-U, dans les IUT, dans les BTS, dans les écoles, dans les CFA… Il faut aussi être proche des jeunes sur le fond, en parlant du concret, des problèmes que l’on rencontre, ne pas faire de la politique politicienne déconnectée des réalités.
Tu penses à quoi quand tu parles des problèmes concrets que rencontrent les jeunes ?
Nos priorités sont claires : nationalement, on va se battre pour révolutionner le système éducatif, révolutionner le travail. En bac général, où on nous demande de choisir des options à 16 ans, trop de jeunes sont perdus. En première, quand on me demandait ce que je voulais faire comme boulot, je n’en savais rien !
On va aussi beaucoup parler de bac pro à la rentrée prochaine. La réforme annoncée va forcer les jeunes à s’orienter en fonction des besoins du patronat et non pas en fonction de leur projet. Elle encourage aussi l’ultra-spécialisation de très jeunes lycéennes et lycéens : elle formate à un poste plus qu’elle ne forme à un métier. En plus d’offrir au capital une main d’œuvre très peu chère, elle réduit considérablement les possibilités de changements professionnels ou de poursuite d’étude, c’est une catastrophe.
De notre côté, on veut un bac pro émancipateur, qui forme les citoyennes et citoyens de demain, avec plus d’enseignements généraux qu’aujourd’hui, avec des stages payés au SMIC.
Et sur les questions de travail ?
France-Travail, réforme des retraites, réforme du bac pro… On a un gouvernement qui veut nous tuer au travail ! Je note que ces réformes vont particulièrement renforcer l’exploitation des femmes, qui subissent à la fois le capitalisme et le patriarcat. Carrières hachées, sur-représentation des femmes dans les métiers où la pénibilité n’est pas reconnue (soin, travail social), violences sexistes et sexuelles au travail… En agissant pas sur ces terrains, le gouvernement reproduit et accentue les violences. Les moyens manquent, le compte n’y est pas.
Sur les questions de travail, très concrètement, on va aller à fond sur les lieux de passage et de concentration des jeunes travailleuses et travailleurs, on va cibler les apprentis, les CFA, les foyers… On va parler d’emploi, on va regarder, territoire par territoire, quels sont les besoins locaux, et comment on peut militer pour la création d’emploi stable.
Si on veut réindustrialiser le pays, développer les transports en commun, améliorer le fonctionnement des hôpitaux, des écoles, des lycées… Les libéraux peuvent tourner les choses dans tous les sens, il va falloir créer des emplois ! Parlons à toutes les jeunesses, parlons de travail, d’éducation, parlons de transport, de logement, de santé, on ne pourra que renforcer la JC !