Guerre en Ukraine, massacres et crimes inhumains à Gaza, crise climatique, inflation, bas salaires, racisme, sexisme… L’actualité politique nationale et internationale est riche, les bonnes nouvelles et les perspectives heureuses, elles, sont très rares. Dans ce climat gris et orageux, il est difficile pour les organisations progressistes de dessiner un avenir meilleur. C’est pourtant, je pense, exactement ce que nous devrions faire.
Au XIXe et au XXe siècle, la force du mouvement ouvrier résidait dans sa capacité à dessiner une autre société, proposer un autre monde, une autre manière de travailler. Le combat pour la réduction du temps de travail ou la hausse des salaires s’accompagnait toujours de discussions sur le monde de demain, sur l’après. Le Conseil National de la Résistance avait bien compris cette idée, puisqu’il a osé, en période de guerre et d’occupation, faire des Jours Heureux son slogan et son programme politique. C’était aussi l’esprit du communisme municipal d’après-guerre, le PCF n’hésitant pas à appeler des films électoraux “À la conquête du bonheur”, vantant les réussites de Marseille, Vitry ou Ivry, toutes les trois communistes.
Les organisations syndicales, associatives et politiques qui se battant aujourd’hui contre le capitalisme doivent avoir cet horizon en tête. Il est crucial de défendre et de porter publiquement un projet politique de rupture, incarner non pas des réformes aussi radicales soient-elles, mais une autre France, un autre monde. Bien sûr, cette incarnation doit être rendue concrète par des propositions claires, mais nous devons en permanence nous projeter sur l’après, et un après qui fasse rêver ! Ce n’est pas mentir ou vivre dans le monde des bisounours, c’est rappeler que l’avenir nous appartient, et que nous avons la possibilité de nous emparer de demain.
En période d’orage, la personne la plus audible et celle qui arrive à convaincre que l’éclaircie est pour bientôt. Tout faire pour que les timides rayons de soleil percent les épais nuages doit être non seulement une priorité politique, mais une boussole. Soyons les militants du bonheur.