Apprentissage ou lycée pro ?

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Apprentissage ou lycée pro ?

C’est une actualité qui passe sous les radars : le gouvernement s’apprête à réduire l’aide aux entreprises pour le recrutement de jeunes en apprentissage. C’est un véritable aveu d’échec dont il faut tirer les leçons pour réfléchir à l’avenir de la formation professionnelle. 

À l’origine de ces aides de 25 milliards d’euros se trouve un rêve macroniste : tuer le lycée professionnel en privilégiant l’apprentissage, et communiquer sur un recul du chômage chez les jeunes. Dans le débat entre apprentissage et lycée professionnel se joue un désaccord sur le projet de société. Soit, on considère que la jeunesse doit être encadrée par l’Éducation nationale, pour former le citoyen et le travailleur ; soit on considère que les jeunes doivent répondre le plus vite possible aux besoins du patronat. Les libéraux ont toujours privilégié cette deuxième option. 

Macron a donc pris deux initiatives sur le sujet. La première, accorder des tonnes d’aide aux entreprises pour recruter des jeunes apprentis. Les chiffres du chômage chez les jeunes baissent artificiellement, c’est l’État qui paie, le patronat est aux anges ! Ce n’est pas un hasard si à la fête de l’Humanité, dans le débat entre Sophie Binet et Patrick Martin, le président du MEDEF a pris le temps de parler de ces aides à deux reprises. Par contre, aucune garantie que les apprentis soient formés correctement, aucune garantie que ces jeunes soient embauchés, aucune garantie que les entreprises n’utilisent pas ce dispositif pour éviter de recruter des salariés formés.  

Deuxième initiative de Macron, réformer la voie professionnelle et fermer des filières. Plus d’apprentis, moins de lycéens en bac pro. C’est une catastrophe pour l’émancipation de la jeunesse, c’est un drame pour le niveau moyen de connaissance dans notre génération, cela relève d’un mépris total, considérant que toute une partie de la jeunesse n’a pas besoin d’être formée par l’Éducation nationale. 

En réduisant les aides aux entreprises pour le recrutement d’apprentis, le gouvernement avoue que cette politique est un échec. Maintenant, investissons cet argent dans les lycées professionnels, arrêtons de fermer des filières. Mieux ! Si nous voulons réindustrialiser le pays, faire sortir de terre de nouvelles usines, chiffrons les besoins, planifions et ouvrons des filières d’enseignement professionnel. C’est bon pour l’emploi, c’est bon pour le climat, c’est bon pour la jeunesse, c’est bon pour le pays. Alors, qu’attendons-nous ?


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