La polémique autour de la diminution du montant des APL masque la petitesse de la mesure décidée par le gouvernement. Elle masque aussi finalement le réel problème autour des politiques actuelles en matière de logement.
La baisse des APL, un très mauvais calcul
L’annonce faite par le gouvernement d’une baisse de cinq euros du montant des aides au logement a suscité, à raison, un grand nombre de réactions. A l’inverse du précédent gouvernement qui avait opéré plusieurs modifications des règles de calcul, le choix a été ici d’une baisse d’un montant fixe de l’ensemble des allocations.
Du coup si #Macron baisse les #APL, les loyers aussi vont baisser de 5€ pour les #étudiants ? #RendsLargent @UEC_org @_MJCF @PCF
— Antoine Guerreiro (@AntoineG_uec) July 22, 2017
Les aides au logement représentent un budget de près de 18 milliards d’euros par an. La baisse envisagée permettrait une économie d’un peu plus de 30 millions par mois soit 360 millions par an.
Outre l’aspect budgétaire, les aides au logement sont souvent pointées du doigt pour leur effet inflationniste sur les loyers. Cet effet a été constaté dans les années 90 au moment de leur extension aux étudiants. Actuellement près de 800 000 étudiants en bénéficient. Cependant, aujourd’hui déconnecté de l’évolution des loyers, ces aides sont loin d’être la cause de leur augmentation.
De plus il est illusoire d’espérer un effet déflationniste sur le loyers en baissant le montant de ces aides.
En revanche ces aides permettent à plus de 6 millions de foyer (plus de 40% des locataires) de voir leur taux d’effort, part du revenu consacré au logement, diminuer. Elles ont une importance capitale dans la lutte contre les inégalités et la pauvreté.
Une aide libérale, symbole du désengagement de l’Etat en matière de logement
Cependant si ces aides sont aujourd’hui nécessaires, c’est parce que l’Etat a fait le choix de renoncer à toute politique du logement. Ces aides sont nécessaires pour éviter que la libéralisation du logement ne plonge des millions de foyer dans la misère.
Ces 18 milliards sont une béquille pour un système capitaliste incapable de répondre aux besoins en terme de logement. Dans les zones les plus en tension, ces aides s’avèrent à peine suffisantes pour assurer un niveau de vie correct. De plus ces aides personnelles n’ont aucune prise sur les logements eux-mêmes.
Le choc d’offre et la refonte des APL promis par le Président de la République laissent peu d’espoir quand on constate qu’il n’y a toujours pas de ministère du logement dans son gouvernement. Le ministère de la cohésion du territoire qui en a l’attribution s’occupe aussi de la ruralité et du tourisme…
Le logement social seule véritable alternative
La multiplication des dispositifs de défiscalisation n’ont jamais permis la mise en place d’une politique cohérente et adaptée de construction de logement. L’absence de volonté de faire réellement appliquer les obligations de constructions de logements sociaux n’a pas non plus aidé.
Pourtant le logement social est la clé d’une politique de logement réussie. En sortant le logement des logiques marchandes, le logement social permet de mettre en place une politique tournée vers les besoins.
Il apparaît toutefois peu probable que ce soit la solution proposée par le gouvernement à l’automne prochain.