À Sorbonne Université, les formations « à la carte » laissent des étudiants sur le carreau

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À Sorbonne Université, les formations « à la carte » laissent des étudiants sur le carreau

À Sorbonne Université, des étudiants font face à une décision unilatérale de fermeture de leur cursus, dans lequel ils sont pourtant engagés depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.

Entre autonomisation et austérité

La décision concerne plusieurs formations spécifiques proposées au sein de l’université, notamment les parcours dits « majeures-mineures », qui permettent de valider deux licences en quatre ans.

L’existence de ces cursus a été rendue possible par l’autonomisation de l’enseignement supérieur. Ces formations « à la carte » sont mises en concurrence, chaque établissement proposant ses propres combinaisons afin d’attirer les étudiants.

Les majeures-mineures incarnent à la fois une cause et une conséquence d’un enseignement supérieur à deux vitesses. Sorbonne Université est, avec Sorbonne Nouvelle, l’un des rares établissements parisiens à proposer ce type de cursus, ce qui lui conférait un avantage comparatif dans la course à l’attractivité.

Mais ces parcours sont aujourd’hui dans le viseur des autorités universitaires, dans un contexte de restrictions budgétaires. Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES), dans son dernier rapport d’évaluation de Sorbonne Université, a recommandé la fermeture ou la transformation de nombreux cursus, dont les majeures-mineures.

Sept formations sont visées par la présidence de l’université, toutes relevant de la faculté des Lettres et Sciences humaines. Ces suppressions traduisent des dynamiques de rationalisation budgétaire et de professionnalisation qui affectent particulièrement les disciplines littéraires.

Rupture de la continuité pédagogique

Si la logique même des majeures-mineures, reflet d’une université à deux vitesses, peut être questionnée, les étudiants concernés subissent aujourd’hui une brutale rupture de la continuité pédagogique. Les fermetures prévues empêchent en effet les étudiants déjà engagés dans ces parcours de poursuivre la formation qu’ils avaient choisie.

À la rentrée 2024, la faculté évoquait pourtant une simple « mise en extinction » des cursus, via la fermeture de la formation sur Parcoursup.

Mais selon les échanges récents entre étudiants et direction, il semblerait que ces derniers devront soit abandonner leur mineure, soit se réorienter vers des doubles licences. Or, certaines combinaisons proposées en majeures-mineures n’existent pas sous forme de doubles licences. Résultat : après un, deux ou trois ans d’études, des étudiants se retrouvent sans débouché, leurs efforts en partie réduits à néant.

Déclaration de l’Union des étudiantes et étudiants communistes parisiens

Cette annonce soulève une question centrale : quelle confiance les étudiants peuvent-ils encore accorder à l’offre de formation affichée sur Parcoursup ? Sorbonne Université a bénéficié d’un avantage compétitif en proposant ces formations, qui étaient en réalité fragilisées depuis la rentrée 2022.

Parcoursup apparaît une fois encore comme une vitrine trompeuse de la qualité et de la pérennité des formations proposées. Ce cas illustre comment la logique de mise en concurrence, la gestion managériale et la communication opportuniste prennent désormais le pas sur les engagements pédagogiques et la stabilité des parcours — une dérive que les étudiants ne comptent pas laisser passer sans réagir.


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