À Rennes comme partout en France, les étudiants se mobilisent

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À Rennes comme partout en France, les étudiants se mobilisent

Le projet de budget 2025 pour l’enseignement supérieur et la recherche marque une nouvelle offensive contre les conditions d’études et de travail dans les universités françaises. Alors qu’une soixantaine des 75 universités étaient déjà en déficit en 2024, l’État prévoit une coupe budgétaire de 320 millions d’euros pour l’année à venir.

Une politique d’austérité qui met en péril la mission même du service public universitaire et suscite une vague de mobilisations à travers le pays.

L’exemple de Rennes 2

Depuis plusieurs semaines, les étudiants se mobilisent pour dénoncer ces coupes budgétaires et leurs conséquences dramatiques. Face à cette situation critique, l’université de Rennes 2 se voit contrainte d’envisager des mesures drastiques : réduction des capacités d’accueil sur Parcoursup, diminution de l’offre de formation, suppression des enseignements à distance (EAD), pourtant essentiels pour de nombreux étudiants en situation précaire. Ces dispositifs EAD permettent notamment à des personnes en situation de handicap, à des parents isolés, à des jeunes ne pouvant pas quitter le domicile familial faute de moyens, ou encore à ceux devant travailler pour financer leurs études, de poursuivre leur cursus. Pire encore, la fermeture annoncée du campus de Mazier à Saint-Brieuc, qui accueille 2 600 étudiants, constitue un coup dur supplémentaire pour l’accessibilité à l’enseignement supérieur en Bretagne.

La contestation a pris de l’ampleur avec des blocages du campus Villejean dès le 21 janvier. Mais c’est à partir du 28 janvier, à la suite d’une assemblée générale, que la situation s’est envenimée. Les étudiants ont majoritairement voté l’occupation du bâtiment B, comme cela se fait régulièrement lors des mobilisations étudiantes. Mais une minorité y a vu l’occasion de dégrader les lieux, en guise de « contestation ».

Ces destructions, que condamnent de nombreux étudiants tout en continuant à défendre la lutte contre l’austérité universitaire, risquent d’aggraver encore la situation financière de Rennes 2. Déjà déficitaire de plusieurs millions d’euros, l’université devra engager des sommes considérables (une centaine de milliers d’euros) pour remettre les locaux aux normes de sécurité. Une charge supplémentaire qui affaiblit non seulement la mobilisation, mais aussi les possibilités de dialogue entre la présidence, le personnel et les étudiants.

La présidence a dû se justifier face aux étudiants le vendredi 7 février. Certains l’accusent de ne pas assez défendre l’université, tandis qu’elle dit lutter depuis un an pour éviter une mise sous tutelle du Rectorat et tente de convaincre les parlementaires de ne pas réduire encore davantage son budget pour 2025 : « De nombreux messages ont circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux, dans les médias, parfois jusque dans vos boîtes mail, reprochant l’inaction de la présidence de l’université Rennes 2 face à la crise financière que connaît notre établissement. Dans ce contexte, nous tenons à rappeler les faits et la position de l’équipe de direction qui se bat sans relâche depuis un an pour la préservation de notre université et la qualité de nos missions de service public. »

D’autres moyens d’action existent pour combattre cette politique d’austérité sans fragiliser encore davantage des universités déjà en difficulté, mais surtout pour permettre à toujours plus d’étudiantes et d’étudiants de se mobiliser. Manifestations, rassemblements, pétitions, articles dans la presse : autant de leviers qui permettent de faire entendre la voix des étudiants et du personnel sans détériorer les infrastructures. Face à une attaque d’une telle ampleur contre l’enseignement supérieur, la mobilisation doit rester forte, structurée et tournée vers un objectif commun : défendre un service public universitaire accessible et de qualité pour toutes et tous.


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