Cet été, les tensions entre la Chine et Taiwan ont cristallisé une partie du débat public.
L’escalade observée durant les dernières semaines ne peut qu’appeler à la paix dans l’intérêt commun. Si ces tensions ne sont pas nouvelles et sont ancrées dans une histoire politique remontant au siècle dernier, c’est bien par la « visite » de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, que les répliques s’en sont allées crescendo. Elle s’est rendue sur le territoire taiwanais les mardi 2 et mercredi 3 août pour réaffirmer « l’engagement inébranlable de l’Amérique à soutenir la démocratie dynamique de Taiwan ».
Le contexte taiwanais
Dans une situation internationale particulièrement dangereuse, où la guerre frappe sur de nombreux continents, la visite officielle de Nancy Pelosi sonne comme une provocation inconséquente. Taiwan, île étendue comme quatre fois la Corse, semble devenir pour les États-Unis le nouveau théâtre de pressions politico-économiques.
Le contexte taiwanais est unique. Il est le fruit d’un statu quo international sous égide des Nations unies, devenu indispensable à la baisse des tensions régionales. En 1971, la République populaire de Chine fondée en 1949 fut reconnue comme membre des Nations unies et son gouvernement comme seul représentant légitime de la Chine. La résolution de l’ONU mentionnait aussi « l’expulsion immédiate des représentants de Tchang Kaï-chek du siège qu’ils occupent illégalement à l’Organisation des Nations unies et dans tous les organismes qui s’y rattachent ». Depuis, la République de Chine (Taiwan) n’est plus reconnue à l’international, selon le principe d’une seule Chine. Néanmoins, la République populaire de Chine n’a pas attenté jusqu’ici à l’intégrité de Taiwan, afin de préserver l’option d’une réunification pacifique.
La Maison-Blanche semble faire le choix unilatéral d’envenimer les tensions sino-taiwanaises, pourtant lourdes de sens politique, historique et économique. En aucun cas, une remise en cause du principe « d’une seule Chine », reconnu par l’ONU et l’écrasante majorité des États du globe, ne laissera place à la paix. Pourtant, nul ne saurait prédire des conséquences désastreuses pour les peuples et le monde que produirait un conflit armé sur cette question.
Les relations internationales évoluent, emportant avec elles la domination asymétrique des États-Unis. Le rattrapage économique et technologique des nouvelles puissances, en cours depuis deux décennies, mène mécaniquement à cette conflictualité, faite de repartage du marché mondial. Dans ce contexte, le processus de résolution institutionnelle des conflits paraît paralysé par ce nouvel ordre géopolitique. Un renouveau en la matière, dans l’intérêt commun à tous les peuples et de leur coopération, paraît d’une nécessité absolue.