Si, après-guerre, la presse quotidienne régionale (PQR) était un élément essentiel de la vie politique locale, elle est aujourd’hui devenue un soutien, faussement neutre, des intérêts du capital. Certes, il s’y trouvait déjà de féroces chiens de garde des intérêts capitalistes, mais la PQR était encore quelque peu pluraliste. D’autant que dans son écrasante majorité, les mouvements de résistance avaient remis la main dessus à la Libération.
La presse régionale monopolisée
Aujourd’hui, force est de constater que le pluralisme est absent. Dans le cas de cette presse, nous ne parlons plus de concentration, mais bien de monopoles régionaux, de véritables trusts.
Résultat, un constat alarmant pour une démocratie malade : la presse quotidienne la plus lue du territoire n’informe plus.
Agression, interpellation, décès. Voilà l’essentiel de la rubrique faits-divers du Ouest France du 31 août 2023. Cette rubrique n’est, certes, pas toujours aussi morbide. Pour autant, est-ce véritablement de l’information ? Car d’enquêtes et de révélations qui divergent des pouvoirs en place ou des grosses entreprises locales, il n’y en a peu, ou pas.
Pourrait-il en être autrement dans un système qui impose la loi du profit comme seul étendard ? Non, certainement pas. Les journaux régionaux sont obligés de s’adapter aux logiques marchandes pour exister : concentration des médias, utilisation stratégique des faits divers et neutralité d’apparence.
Des intérêts locaux
Évidemment, il existe des rubriques relatives à la vie politique locale qui ne soient pas purement et bêtement polémiques. Il serait mensonger de le nier et, pour autant, ces rubriques n’ont qu’un intérêt relatif. Si la PQR fut marquée politiquement, elle cherche aujourd’hui à s’en éloigner : selon les financiers, les citoyens voudraient de l’information neutre et apolitique.
La réalité est autre : les actionnaires de la PQR entendent, dans un marché très tendu, maintenir un taux de profit acceptable. Pour cela, ils imposent une pseudo-neutralité. Car comme pour toute la presse, le lien avec la bourgeoisie est tenace. En témoigne le premier groupe de presse régional, EBRA, propriété du Crédit Mutuel.
Et pour quels résultats ? Une presse incapable d’obtenir, par elle-même, l’information. Une presse qui ne remplit plus son rôle d’information et qui, par souci d’économie, préfère les stagiaires aux journalistes. Une presse qui, après avoir refourgué ceux-ci aux services communication des institutions et des entreprises, en est dépendante de l’information.
Quant à ceux qui défendent les intérêts des travailleurs, ils continuent de se demander, à quand une presse quotidienne régionale libre ?