L’argument massue est asséné depuis que le salariat existe : augmenter les salaires ne servirait à rien, puisque les prix augmenteraient de la même façon.
Le pouvoir d’achat des salariés resterait-il inchangé en cas d’augmentation du SMIC à 2000 € brut ? Voici 7 arguments simples pour contrer cette idée reçue.
1 – Ce sont les profits qui tirent les prix vers le haut, pas les salaires
Même les économistes du Fonds Monétaire International (FMI) l’ont reconnu, l’inflation des dernières années a principalement été tirée par l’augmentation des marges des grandes entreprises. Quand nous achetons un produit, le prix est réparti au sein de l’entreprise entre rémunération du travail et valorisation du capital. Depuis 40 ans, la part du capital a augmenté de 10 points au détriment des salaires.
Il est donc tout à fait possible d’augmenter les salaires et de payer les marchandises au même prix. Pour cela, il faut imposer aux entreprises une autre répartition capital/travail.
2 – Augmenter les salaires, c’est changer la consommation
Augmenter les salaires pourrait faire augmenter les prix si les consommateurs utilisaient l’augmentation de leurs revenus pour acheter les mêmes produits. Mais ce n’est pas le cas, des millions de personnes attendent une augmentation de revenus précisément pour acheter ce dont ils se privent aujourd’hui. Plusieurs secteurs sont dans une crise de débouchés et ont intérêt à ce que les salaires augmentent pour redevenir accessibles. Ces secteurs n’augmenteront pas leurs prix.
Par exemple, la consommation de viande diminue en France principalement par la barrière du prix. En cas d’augmentation de leurs revenus, les Français retourneraient vers des produits qu’ils avaient l’habitude de consommer et auxquels ils ont renoncé. Le prix de la viande est aujourd’hui au minimum pour garantir le revenu des éleveurs, mais trop haut pour les consommateurs. Une augmentation des revenus permettrait tout juste de combler cette différence.
3 – Changer la répartition capital / travail mettra un coup d’arrêt à la spéculation immobilière
Augmenter les salaires des travailleurs en changeant la répartition des richesses rebattra les cartes dans de nombreux secteurs, dont l’immobilier.
En augmentant les salaires au détriment du capital, nous redonnons les moyens aux travailleurs de se loger proche de leur lieu de travail, à la mer, à la montagne, au cœur des métropoles et nous mettons fin à leur éviction par des multipropriétaires qui gonflent les prix immobiliers pour une clientèle touristique. En changeant la répartition capital/travail, en instaurant une échelle des salaires de 1 à 20, nous préservons nos villes comme nos campagnes de la spéculation immobilière et des hausses de prix démesurées.
4 – Par la hausse des salaires, nous imposons de nouvelles productions
Aujourd’hui, les constructeurs automobiles ont acté que seuls les plus riches pouvaient acheter une voiture. Depuis plusieurs années, les modèles populaires d’entrée de gamme ont quasiment disparu, remplacés par des modèles plus grands, plus lourds et bien plus chers.
En augmentant les salaires, nous envoyons un message. L’organisation de la production pour les seuls besoins des plus riches, c’est fini. Les travailleurs ont droit au beau, au bon, au confortable ! Ils ont les moyens de s’offrir une voiture neuve, un canapé neuf et nous organiserons la production en conséquence. Nous relançons la production d’une voiture populaire, à faible consommation, produite en France.
5 – Augmenter les salaires, c’est sauver les services publics gratuits
Plus de 20 % des salariés français travaillent dans la fonction publique. Augmenter leur salaire, est aujourd’hui la condition pour préserver ces services qui sont en souffrance et dont nous bénéficions gratuitement. En cassant l’attractivité de ces métiers, les gouvernements successifs mettent en péril notre accès à l’école gratuite, à la santé, à la culture. Aujourd’hui, nous avons un choix simple : augmenter les salaires et recruter dans la fonction publique, ou accepter de confier l’école, la santé, la culture au privé. Et c’est bien dans la deuxième option que les prix vont exploser, comme nous l’ont montré les exemples du gaz ou des autoroutes.
6 – Augmenter les salaires, c’est faire baisser les prix des banques et assurances
S’il y a un secteur qui bat en brèche la boucle prix/salaire, c’est bien celui des banques et des assurances. Tout le secteur est fondé sur cette logique : “moins tu gagnes, plus tu paies”. Chaque année, le secteur bancaire engrenage six milliards d’euros de frais de découvert. La moitié des Français sont à découvert au moins une fois dans l’année. Pour un crédit conso ou immobilier, plus le dossier est à risque, plus les taux sont hauts.
En augmentant les salaires, nous permettons à des millions de Français de sortir du découvert et de la vie à crédit. Ces millions de Français savent bien que cela a un prix qu’il est temps de faire baisser !