En 1960, la Haute-Volta obtient son indépendance de l’empire colonial français.
Les gouvernements corrompus et coup d’État s’y succèdent sans grand changement pour les populations. Le niveau de vie des voltaïques y est catastrophique. Le pays stagne dans la pauvreté. Sur fond de misère sociale et économique, les gouvernements successifs s’enrichissent en pillant les maigres ressources du territoire. Les paysans sont aux mains de chefs locaux, et d’un ordre semi-féodal, qui impose une structuration patriarcale aux femmes de Haute-Volta.
Le 4 août 1983 pourtant, un jeune officier inspiré de la révolution malgache de 1972 est propulsé par une révolte populaire au rang de chef d’État. Thomas Sankara compte bien construire le socialisme en Haute-Volta, qu’il renomme en 1984 Burkina Faso, du moré burkina “intègres” et du dioula faso “terre”, la terre des Hommes intègres.
Le Conseil national de la Révolution, établit en 1983, s’emploie à construire la première expérience du socialisme en Afrique de l’Ouest.
Une politique progressiste
En devenant président en 1983, Thomas Sankara s’attable au lancement de programmes pour des changements économiques, sociaux et écologiques : mise en place de comité de travailleurs, les Comités de Défense de la Révolution, combat contre la corruption au sein des organismes gouvernementaux via des tribunaux populaires, grands plans de construction de logements sociaux et d’infrastructures qui lient la campagne et la ville en désenclavant les régions isolées du Burkina Faso.
Fervent défenseur des droits des femmes, donnant la priorité à l’égalité des sexes, Sankara a œuvré pour la fin des mutilations génitales féminines, des mariages forcés et de la polygamie.
Ce sont les femmes et les ruraux pauvres qui ont été au centre de sa révolution et qui ont le plus bénéficié de sa présidence.
Des réformes sanitaires aussi avec ses vaccinations en masse selon des grands plans dont “opération vaccination commando” qui éradique la polio, la rougeole et la méningite en vaccinant plus de 2,5 millions de Burkinabés.
Le régime sankariste arrive en moins de cinq ans à améliorer les conditions de vie des Burkinabés et à établir les bases du socialisme au Burkina Faso.
La révolution sociale réduite à néant par un nouveau coup d’État
En 1987, un coup d’État du second de Sankara, Blaise Compaoré, réduit à néant la révolution au Burkina Faso.
Thomas Sankara est assassiné lors du coup d’État qui bénéficie du soutien de la Côte d’Ivoire et implicitement de la France depuis le retour de Jacques-Foccart, “Monsieur Afrique”, lors du gouvernement de cohabitation Chirac-Mitterrand.
S’ensuivent 27 années de dictature présidentielle de Compaoré.
Il engage la politique de la “rectification de la révolution” qui est purement et simplement de la contre-révolution, détruisant les acquis sociaux au profit d’un retour à la normale des relations de la France avec la Côte d’Ivoire.
En 2014, Compaoré, qui voulait se présenter une cinquième fois aux élections en modifiant les lois fondamentales, est chassé du pouvoir par une révolte populaire. Il trouve refuge en Côte d’Ivoire.