Le 17 avril 1950 était assassiné Édouard Mazé par la police.
Ceux qui ont déjà parcouru les rues de Brest ont sans doute déjà vu son nom écrit sur les murs, ou son visage sur des autocollants, certains auront même vu la plaque commémorative à son nom sur la stèle érigée par la CGT près de la maison du peuple de Brest. La mort de ce jeune ouvrier est devenue un symbole des violences policières, et fait écho à la répression débridée mise en place par les gouvernements récents pour tenter de briser les mouvements sociaux.
Édouard Mazé, né en 1924, fils d’une couturière et d’un cheminot résistant, était ouvrier du bâtiment et militant syndical à la CGT. En 1950, il travaillait à la dure reconstruction de Brest, qui était à 75 % détruite après la Seconde Guerre mondiale.
Un mouvement social fortement réprimé
Lors du mouvement social de 1949-1950, les dockers se mobilisent contre la guerre coloniale d’Indochine menée par la France. Une mobilisation ouvrière pour de meilleurs salaires débute aux usines Renault de Billancourt en février 1950 et s’étend notamment dans les ports, où se fait la jonction avec les dockers mobilisés.
À Brest, le maire gaulliste, avec le soutien du gouvernement refusant toute négociation, met en place la répression au cours du mois de mars et au début d’avril. Il fait massivement appel aux CRS, allant même jusqu’à arrêter violemment le 14 avril, au mépris de son immunité parlementaire, la députée PCF Marie Lambert, venue soutenir les manifestants.
C’est dans ce contexte ultra-tendu de mobilisation sociale massive, que le 17 avril 1950, la CGT décrète, à la suite d’un énième accident du travail dans le bâtiment, la grève générale à Brest, et organise une manifestation.
En fin d’après-midi ce jour-là, tandis que le gaz lacrymogène est utilisé pour l’une des premières fois en France, les manifestants sont mis en joue par les forces de l’ordre dans la rue Kérabecam. L’ordre de tirer est donné. Édouard Mazé est touché d’une balle en plein front. Quatre autres manifestants sont blessés par balles. On comptera 49 blessés, notamment victimes de coups de crosses de fusil de la part des policiers.
Ce 17 avril 1950 à Brest, Édouard Mazé est tué, à 26 ans, victime de la violence mise en place par l’État français, contre les manifestants du mouvement social.
“Mort pour le pain, la paix et la liberté”
Les obsèques d’Édouard Mazé ont lieu le 19 avril 1950, laissant place à un cortège de plus de 5 000 personnes. Sur sa tombe est inscrit l’épitaphe “Mort pour le pain, la paix et la liberté.”. Son décès a eu un très grand retentissement au niveau national, provoquant notamment la démission du MRP, parti alors présent au gouvernement, et de l’Abbé Pierre, qui était député sous cette étiquette. Cependant, les responsables de ces événements tragiques n’ont jamais été condamnés.