Le président Américain Donald Trump a accueilli ce mardi 19 mars le président Brésilien récemment élu, Jair Bolsonaro. L’occasion pour ces deux pontes de l’internationale réactionnaire de confirmer leurs points de convergence mais aussi de revenir sur les décisions politiques inquiétantes de ces dernières semaines au Brésil.
Fait inhabituel pour un premier voyage diplomatique de président Brésilien, Jair Bolsonaro a choisi Washington. Ce choix est donc le marqueur de la part du président brésilien de vouloir montrer une proximité idéologique qui va s’illustrer sur des alliances géopolitiques déjà opérantes ainsi que sur des sujets de politique intérieures convergents, comme ils n’ont cessé de le montrer lors de leur entrevue à la Maison Blanche.
Bolsanero et Trump une proximité idéologique affirmée
Le 1er janvier 2019 avait lieu la cérémonie d’investiture de Bolsonaro. Une cérémonie grandement félicité par le président étasunien pour « son super discours », attaquant minorités, droits sociaux et tout l’héritage socialiste du Brésil, dont la scène politique fut dominée par le Parti des Travailleurs pendant près de 15 ans.
Cet ancien militaire est le premier dirigeant d’extrême droite que connaît le pays depuis la fin de la dictature militaire, il y a maintenant 34 ans. Le coup d’état institutionnel dont a été victime la présidente Dilma Rousseff accusée de corruption par une opposition de droite des plus corrompues, puis l’interdiction faite à l’ancien président Lula de se représenter ainsi que son emprisonnement ont ouvert un boulevard à l’extrême droite brésilienne.
Les thématiques soulevées par Jair Bolsonaro lors de sa campagne tendaient dès lors à attaquer tout ce que pouvait représenter le Parti des Travailleurs, la formation sociale-démocrate au pouvoir depuis 2003. Sa campagne a également été marquée par la désinformation, notamment par le financement d’envoi massif de message de fausses informations, il a également dénoncé pêle-mêle le complot marxiste, écologiste et LGBT.
C’est donc un président Brésilien plutôt dans son élément qui s’est rendu à Washington ce mardi. Les deux président ont pu s’entretenir de vive voix sur leurs points de convergence tant sur le plan de la politique intérieur que sur la diplomatie.
Une diplomatie ouvertement agressive et impérialiste
Les convergences impérialistes entre les deux chefs d’état sur la politique étrangère ont de quoi inquiéter le sort des peuples américains. Concernant la situation vénézuélienne, le tandem affiche une unité quant à leur opposition au président Maduro, en réclamant sa démission. Durant la conférence de presse des deux présidents, Trump appelait à nouveau les militaires vénézuéliens à mettre fin à leur soutien au président légitime du Venezuela.
Si Bolsonaro n’est a priori pas favorable à une intervention militaire, il entend lui aussi faire pression sur le gouvernement du Venezuela, notamment via le soutien à Juan Guaido, le « président auto-proclamé » et ses opération de « soutien humanitaire » alors qu’au même moment, le peuple vénézuélien subit un quasi blocus de la part des puissances impérialistes, USA en tête, sur les produits de première nécessité.
Sur le Proche Orient, là encore Bolsonaro et Trump se rejoignent. En octobre 2018 et plus récemment cette semaine, le gouvernement brésilien a manifesté son projet de transfert de son ambassade à Jérusalem. En fin d’année 2017, Donald Trump reconnaissait Jérusalem comme capitale d’Israël pour y déplacer quelques mois plus tard l’ambassade américaine. Cette décision avait fait l’an dernier l’objet de manifestation de la part des Palestiniens qui furent violemment réprimées par l’armée israélienne.
Afin de parfaire leur entente sur les sujets de politiques extérieures, Donald Trump entend proposer une alliance du Brésil avec l’OTAN qui jusque-là faisait partie des non-alignés.
L’adhésion à l’OCDE a aussi été évoquée. Celle-ci confirmerait le projet libéral de Bolsonaro : une série de recommandations données l’an dernier venaient conditionner l’adhésion à l’organisation internationale à l’application d’un programme d’austérité qui s’attaquait principalement au système de redistribution (retraites, dépenses sociales…) afin de réduire le déficit : un argument usé jusqu’à la corde par les néo-libéraux.
Cette proposition permettra aussi aux USA d’avoir un allié supplémentaire dans la guerre commerciale livrée avec la Chine, malgré les contours encore flous que peut prendre la politique commerciale du Brésil.
Des politiques réactionnaires qui se font échos
Sur les sujets de politique intérieur, au-delà des politiques néo-libérales, les deux présidents s’entendent sur de nombreux thèmes : les politique anti-LGBT, l’anti-écologisme mais aussi la promotion des armes à feu.
« Le Brésil et les États-Unis se tiennent côte à côte dans leurs efforts pour renforcer les libertés dans le respect des styles de vie traditionnels, dans le respect de Dieu notre créateur, contre l’idéologie de genre, le politiquement correct et contre les fake news »
Cette déclaration de Bolsonaro à Washington a été accueillie par des hochements de tête affirmatif de Donald Trump.
Dans les faits, le dirigeant brésilien a exclu des prérogatives gouvernementales les questions LGBT. Une politique dans la lignée des propos homophobes tenus tout au long de sa campagne. Une fois plus, un discours qui n’est pas sans déplaire à Donald Trump qui a obtenu auprès de la Cour Suprême des Etats-Unis le bannissement des personnes trans de l’armée. Dans un Brésil où le militantisme pour la cause LGBT est plus que jamais dangereux, une opposition déterminée s’organise tout de même depuis plusieurs mois, entre désobéissance civile et organisation de solidarités concrètes dans le cadre des luttes contre les violences.
Sur une autre thématique, le 15 janvier dernier, Bolsonaro appliquait une de ses grandes promesses de campagne en assouplissant la législation sur le port d’arme à feu. Un alignement sur les positions de Donald Trump, jugé irresponsable par une partie de l’opinion brésilienne inquiète de l’augmentation des violences. L’élargissement de l’autorisation de port d’armes à tous les brésilien·ne·s de 25 ans et plus va inévitablement favoriser la circulation des armes dans un pays où le nombre d’homicide est parmi les plus élevés au monde (plus 60 000 par an).
Finalement, cette conférence de presse a été l’illustration de deux présidents désireux de conserver un climat de violence savamment entretenu au sein de la société afin de d’asseoir leur domination et d’écraser toutes les préoccupations soulevées par classes populaires et des minorités dans le débat public.