Trois jeunes témoignent de leurs résultats Mon Master 

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Trois jeunes témoignent de leurs résultats Mon Master 

Alors que l’été approche, Avant-Garde est allé à la rencontre de ces jeunes confrontés à la machine Mon Master. Nous avons rencontré 3 jeunes vivant des situations différentes, mais avec un point commun, un avenir flou après les résultats Mon Master. 

Un stress caractérisé

Le stress est l’élément partagé entre tous quels que soient les résultats. 

“L’attente des résultats était longue et commençait à devenir pesante mentalement, avec une appréhension qui augmentait au fur et à mesure que les jours passaient.”, témoigne Elise après avoir reçu ses premiers résultats après avoir validé sa licence de Droit. 

“La nuit du 3 au 4 je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je me suis réveillé à 3h parce que je stressais tellement.”, nous rapporte Maxime suite à une licence de mathématique. 

Enfin, Leïla revient sur son expérience en témoignant d’une incapacité totale de la plateforme à s’adapter aux difficultés personnelles des candidats. “Pour des raisons personnelles et médicales, je dois rester à Paris. Il s’agit de la deuxième année où je n’ai pas de Master, je suis très inquiète”

Cette sélection impacte la vie des jeunes dans leur projection dans l’avenir. Parmi nos trois interrogés, deux nous partageaient comment la plateforme avait touché leur santé mentale. 

“L’attente est une torture psychologique, dénonce Leïla. Étant atteinte de troubles anxieux généralisés, cette période est vraiment compliquée à vivre, depuis que la plate-forme a ouvert je ne dors plus la nuit. Mon premier vœu dans ma propre université a été refusé, je me sens très mal, je ne comprends pas le motif du refus”.  

La sélection sociale à l’œuvre 

Cette politique de sélection mise en place par Macron ne fait qu’accentuer les inégalités et la sélection sociale. La constitution des dossiers ne va pas de soi, notamment quand les aides familiales peuvent manquer.

“C’est surtout la constitution de mon dossier en plein milieu du semestre qui m’a surchargé de travail et m’a causé du stress, témoigne Maxime. En plus du dossier, on doit produire des projets de recherche, des lettres de motivation et éventuellement d’autres documents pour chaque candidature. Surtout lorsque les conditions de travail à la maison ne sont pas idéales”.

Nous l’avons recontacté après la phase principale, l’Angevin n’avait toujours pas eu de réponse. Ainsi tout son projet professionnel se voyait remis en cause. 

En Master, nous comptons seulement 22 % d’enfants d’ouvriers ou d’employés. Ce chiffre est symptomatique d’une mise au travail de plus en plus tôt de la jeunesse. Notamment de ces jeunes possédant un capital culturel ou social moins important. 

Ce qui traverse ces témoignages est aussi que la violence de la sélection intervient peu importe le niveau des étudiants. Malgré de très bons dossiers, la plateforme est impitoyable. “J’ai pourtant fourni des efforts, je me suis engagée dans la vie associative de la fac, j’ai développé mon carnet d’adresses et je suis sortante de la première faculté juridique de France, mais visiblement, c’est inutile.”, nous dit Elise. 

Peu de solutions de replis

Pour ces trois rejetés de Mon Master, le bout du tunnel se situe dans la phase complémentaire qui durera jusqu’au 30 juillet. Elise nous faisait par dans un message qu’elle avait finalement été prise la semaine dernière. Son résultat l’oblige à déménager, mais au moins, elle pourra poursuivre ses études. 

Pour Maxime ou Leïla, ils n’avaient pas de réponses. Tous deux remettent en question leur projet professionnel et s’interrogent sur leur rentrée. “J’ai des amis qui envisagent de partir en Belgique ou en Suisse pour poursuivre leurs études, livre Maxime. Moi, mes parents n’ont pas les moyens. Je ne sais pas ce que je vais faire. Sûrement bosser et retenter l’année prochaine”.

Pour d’autres, comme Leïla, c’est le choix du service civique qui s’impose. “Je n’en ai jamais encore fait. C’est l’occasion ! Ça me fera une nouvelle expérience. Le souci, c’est le salaire, avec 500 € par mois, je ne vais pas aller loin et à Paris, c’est vraiment insuffisant.” 


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