Quel stage voulons-nous ?

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Quel stage voulons-nous ?

Alors que le nombre de jeunes en enseignement professionnel n’a jamais été aussi élevé, le parcours se déroule de plus en plus en entreprise. Selon que l’on soit en apprentissage ou non, la part du cursus au service des entreprises est plus ou moins élevée. Mais le statut de l’apprenti reste clair et plus ou moins respecté. 

Il n’en est pas de même pour celui du stagiaire. Or, un statut clair et défini garantit une protection pour les jeunes en période de stage et permet d’atteindre plusieurs objectifs.

Le stage en enseignement professionnel, quelles réalités ?

Depuis des décennies, dans l’enseignement en entreprise, l’apprentissage est perçu comme indispensable, comme un révélateur pour des jeunes à la découverte d’un métier. Mais il s’agit également d’une mise à disposition de la jeunesse au profit du capital : on ne peut apprendre son métier entièrement en entreprise en regardant d’autres travailleurs l’effectuer. C’est dans cette perspective que la part des stages dans l’enseignement professionnel a été augmenté.

Toutefois, entre l’inexpérience des jeunes et la volonté de certaines entreprises de prendre des travailleurs en formation, les stagiaires sont malheureusement cantonnés la majeure partie du temps à des tâches subalternes. Celles-ci ne leur permettent pas de réellement apprendre un métier, et encore moins de s’épanouir dans celui-ci. Il est à noter qu’il n’existe aucun moyen d’imposer un contenu de formation à des entreprises pourtant considérées comme partie prenante de la formation des jeunes.

Service du patronat ou formation des jeunes ?

Les stagiaires sont une main d’œuvre totalement gratuite pour le capital. La gratification, et non pas le revenu ou le salaire, est prise en charge à 100 % par l’État et représente des sommes ridicules allant de 50 € la semaine en seconde, à 75 € en première et 100 € en terminale. Pourtant, les stagiaires participent à la production des entreprises dans lesquelles ils sont en stage. Ils méritent donc leur part du gâteau.

Le stage est également un lieu d’exacerbation de toutes les discriminations et exploitations que l’on retrouve dans le monde du travail. Ainsi, les jeunes en formation professionnelle sont surreprésentés dans les accidents et les morts du travail. Inexpérimenté, souvent sous-équipés, parfois même mis en danger délibérément, ces périodes en entreprise peuvent parfois être très dangereuses. 

Les femmes sont, quant à elles, dans une position précaire et, suivant les filières, comme celle du bâtiment, il sera bien plus compliqué pour elles de trouver une issue favorable à leurs recherches.

Un stage formateur et rémunéré pour toutes et tous

Fin d’un salariat déguisé, fin des profits, possibilité d’émancipation ; c’est ce que propose le MJCF dans ses 10 mesures d’urgence pour la jeunesse. 

L’organisation de jeunesse propose ainsi une nouvelle rémunération des stages en actant le fait qu’il s’agit de travailleurs en formation. Cela induit la fin de l’assistanat des entreprises par l’État et la rémunération par le capital lui-même à travers la collecte d’une taxe des stagiaires. Cela induit la fin d’une gratification faible et honteuse au profit non pas d’un salaire, mais bien de la reconnaissance de la production amenée par les stagiaires.

Pour sortir les stages d’un temps de travail déguisé, le MJCF souhaite mettre en place un contenu de formation, contrôlé pédagogiquement par l’Éducation nationale. Cela passe par la mise en place de convention de stages détaillés sur les tâches, le temps de travail, etc.

Toutes ces mesures sont accompagnées d’un suivi renforcé des stagiaires par les enseignants permettant à la fois de contrôler les stages, mais aussi d’assurer le lien entre les apprentissages vus en cours et sur le terrain. Afin d’assurer le respect de tout cela, les établissements passeront des partenariats avec certaines entreprises pour proposer des stages directement aux jeunes en formation.


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