Quand l’État détricote ce qui fait nation 

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Quand l’État détricote ce qui fait nation 

Avec le passage très remarqué d’Emmanuel Macron en Corse, le sujet de l’autonomie des régions a été remis sur le devant de la scène. Si ce sujet mérite d’être traité en tant que tel, notons qu’il est symptomatique d’une remise en cause plus globale de ce qui fait nation. 

C’est ici la notion de politique nationale – et donc d’unité et d’égalité sur l’ensemble du territoire – qui est mise en question. 

Les derniers gouvernements sont d’ailleurs grands responsables de cette situation. Après avoir détricoté peu à peu les politiques nationales, défaits les services publics et l’ensemble de ce qui faisait nation au nom d’une “décentralisation” fondamentalement réductrice, observons le résultat. 

Aussi, remarquons que cette dite “décentralisation” n’a fait qu’éloigner du pouvoir les populations.

L’exemple de l’ESR est à ce titre très parlant. Depuis 1968, l’État œuvre à une autonomie des universités. Loi par loi, il donne de plus en plus de pouvoirs aux universités, tant sur le plan budgétaire que pédagogique. 

Résultat, nous ne pouvons qu’observer l’échec de cette politique lorsque l’on voit la baisse de la valeur des diplômes d’une université à l’autre. 

Derrière ce besoin de faire entrer les facultés en concurrence – et notamment au travers de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités – l’État n’a fait qu’engendrer une inégalité territoriale dans le traitement des étudiants et dans les perspectives qui leur sont données. 

En effet, nous voyons que les jeunes issus des territoires dits “ruraux” vont beaucoup moins dans des études supérieures que les jeunes issus des villes moyennes à grandes. L’État doit remplir ses prérogatives, mettre les moyens dès que nécessaire à la formation de la jeunesse du pays.

L’ESR n’est qu’un exemple flagrant de cette politique en échec, puisqu’en finir avec l’égalité nationale et territoriale est toujours signe d’affaiblissement, sur le temps long, des différents dispositifs. 

Si des situations sont parfois particulières, par l’histoire notamment, comme celle de la Corse, c’est toute une vision de ce qui fait nation qui est questionnée par cette petite chanson entonnée depuis trop longtemps. 


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