La Fièvre est une série Canal+ où l’extrême droite se sert d’un événement autour d’un footballeur noir pour diviser la société. En provoquant l’extrême gauche racialiste et en la faisant monter, l’extrême droite surfe sur une société divisée.
Samedi dernier, dans la vraie vie, c’était la finale de la Star Academy. Deux femmes, Marine et Ebony, se disputaient le sacre. Très difficiles à départager, elles ont toutes les deux connu une progression énorme depuis le jour où elles sont entrées dans l’aventure.
Ebony est talentueuse, elle a une voix, une présence. Mais cela ne suffit pas : elle est ramenée sur les réseaux sociaux à sa couleur de peau. Les racistes d’extrême droite la réduisent à ses origines, incapables d’accepter qu’elle puisse simplement être une candidate parmi d’autres.
Face à cela, la réaction ne se fait pas attendre : un élan de soutien identitaire se cristallise autour de la chanteuse noire, une campagne de haine s’organise aussi, cette fois contre Marine. C’est précisément ce que cherchaient les racistes. Ils voulaient que tout se réduise à une logique de camps. Ils ont gagné. Désormais, il ne s’agit plus de voix ou de talent, mais de défendre « son camp », « son identité ». Les Blancs soutiennent les Blancs, les Noirs soutiennent les Noirs. Chacun s’enferme. Et ceux qui prétendent lutter contre le racisme tombent dans le piège tendu par ceux qu’ils combattent.
C’est ainsi que l’on aboutit à cette absurdité : une jeune femme, venue pour chanter, se retrouve instrumentalisée d’un côté, assignée de l’autre, elle devient malgré elle un symbole d’une société obsédée par la race. Plus personne ne l’écoute. Plus personne ne parle de son parcours, de ses choix artistiques, de sa voix. Elle est d’abord perçue comme « la candidate noire », et tout ce qu’elle est en dehors de cette case disparaît.
C’est une folie. Ceux qui attisent ces tensions raciales ne rendent service à personne. Ils contribuent à enfermer chacun dans son identité supposée et nous éloignent de ce qui fait société et de la conscience de classe.
Alors, que reste-t-il ? Une émission de divertissement transformée en champ de bataille, des candidats pris au piège, et une société toujours plus fragmentée sur des bases raciales. À ce jeu-là, il n’y a que des perdants.