L’urgence de l’éducation à la vie sexuelle et affective : pourquoi et comment ?

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L’urgence de l’éducation à la vie sexuelle et affective : pourquoi et comment ?

Il y a peu, les annonces du programme d’Éducation à la Vie Sexuelle et Affective (EVSA) ont eu l’effet d’une bombe : à l’heure des procès de Mazan et de l’explosion des stéréotypes de genre dans l’opinion publique, les violences faites aux femmes gagnent du terrain. Pourtant, l’application effective des séances d’EVSA peut permettre d’endiguer le sexisme.

L’état des lieux du sexisme et des violences en France est alarmant 

Créé en 2013, le Haut Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes est une commission ministérielle indépendante qui « a pour mission d’assurer la concertation avec la société civile et d’animer le débat public sur les grandes orientations de la politique des droits des femmes et de l’égalité ».

Il fournit un rapport annuel sur l’état du sexisme en France, et celui de l’année 2024 alerte sur la progression des violences issues de la discrimination envers les femmes. 

Le rapport produit non seulement un constat, mais propose également des directives pour faire reculer le sexisme en France. Ainsi, le rapport de cette année recommande d’« éduquer à l’égalité à travers un programme de sensibilisation et d’orientation effectif, continu et adapté ». Il s’agit ici de combattre le sexisme à la racine en inversant la tendance de l’éducation aux stéréotypes de genre, qui mènent aux violences. 

L’école est un lieu d’instruction, mais aussi d’émancipation. C’est là où les enfants acquièrent une base de connaissances commune à toutes et tous, mais également où ils apprennent à vivre ensemble en dépit des particularités familiales et sociales qui leur inculquent des valeurs et des comportements singuliers. L’école est une institution qui doit permettre l’égalité de toutes et tous sans distinction socio-économique. 

Par ailleurs, on sait que les violences faites aux femmes, mais aussi les violences sur les enfants (cf. la CIIVISE) ne sont pas le lot d’une catégorie socio-économique en particulier et existent dans tous les milieux géographiques, sociaux et culturels.

Garantir l’EVSA permet d’endiguer la propagation des clichés masculins/féminins qui peuvent être véhiculés par l’éducation familiale, sociale, numérique, etc., et avec eux, l’encouragement par la normalisation des violences.

Le gouvernement doit pleinement s’engager dans la lutte contre les violences faites aux femmes

En intégrant l’EVSA au programme scolaire, tous les élèves jusqu’à la terminale auraient l’occasion d’aborder le respect de l’intégrité physique et morale de chacun et chacune, indépendamment des considérations de genre, de religion, d’autorité, d’origine socio-économique ou culturelle… Identifier que quelqu’un outrepasse ce respect n’est pas inné. Il faut apprendre aux enfants à se prémunir de ces comportements, qu’ils soient susceptibles d’en être victimes ou acteur.

Si les intentions du ministère de madame Belloubet étaient louables, l’instabilité politique risque d’être un argument de plus pour que l’Éducation nationale ne prévoit pas de se munir de plus de professionnalisme sur le sujet. Pourtant, garantir une formation au personnel à qui il est demandé de dispenser les séances d’EVSA est primordial, qu’il s’agisse de professeurs (qui n’ont le droit qu’à 18h de formation par an) ou de membres d’associations, donc de bénévoles (qui, par définition, n’ont aucune exigence de formation).

Il faut que l’EVSA soit une priorité pour le gouvernement, et Emmanuel Macron, dans sa grande volonté de faire de la lutte contre les violences aux femmes sa directive principale se fait attendre, une fois encore, pour passer des paroles aux actes.


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