L’État ne semble pas reculer, au 31 décembre prochain sera liquidé Fret SNCF. Ce démantèlement, issu d’un “accord” entre l’État et la Commission européenne, suscite la colère des cheminots. Les syndicats de la SNCF ont d’ores et déjà appelé à une série de grèves, dénonçant une « trahison environnementale » et des conséquences sociales inquiétantes.
L’État soumis à Bruxelles
Pour les cheminots, la liquidation de Fret SNCF sonne comme le dernier acte d’un affaiblissement progressif du transport ferroviaire de marchandises. Mis en cause pour avoir perçu des aides d’État contraires aux règles de la concurrence, Fret SNCF sera remplacé par deux sociétés distinctes : Hexafret, dédiée au transport de marchandises, et Technis, spécialisée dans la maintenance des locomotives.
Face aux exigences de Bruxelles, la France devait opter entre un « plan de discontinuité », prévoyant la fin de Fret SNCF sous sa forme actuelle, ou risquer un contentieux pouvant mener à une amende de cinq milliards d’euros.
Les cheminots mobilisés pour sauver le rail
Les députés communistes ont réclamé un moratoire à l’Assemblée nationale, arguant que la libéralisation du fret ferroviaire a largement contribué à réduire la part modale du rail dans le transport de marchandises, pourtant moins polluant. Ils dénoncent un « crime contre l’environnement », regrettant que le fret ferroviaire, pourtant essentiel pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, soit ainsi sacrifié sur l’autel de la concurrence.
Les syndicats, de leur côté, ne comptent pas en rester là. Ils appellent à une grève nationale les 20, 21 et 22 novembre, avec une possibilité de reconduction à partir du 11 décembre. Cette mobilisation vise à forcer le gouvernement à reconsidérer son projet de scission et à faire pression sur Bruxelles pour préserver les acquis sociaux des cheminots et garantir un avenir viable pour le fret ferroviaire. Les représentants syndicaux redoutent que cette transformation n’ouvre la voie à une privatisation totale du secteur, synonyme de précarisation et de renoncement aux enjeux écologiques.
Alors que les regards se tournent vers Bruxelles, où le dossier sera discuté avec les nouveaux commissaires européens, le gouvernement se dit déterminé à faire de la relance du fret ferroviaire un pilier de sa politique de décarbonation. Mais pour les cheminots, seule une mobilisation massive pourra enrayer le démantèlement progressif de leur outil de travail et d’un service public stratégique. Les prochaines semaines s’annoncent donc tendues.