L’extrême droite au pouvoir, c’est la remise en cause des droits fondamentaux 

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L’extrême droite au pouvoir, c’est la remise en cause des droits fondamentaux 

Le 25 septembre 2022, Giorgia Meloni remportait les élections législatives italiennes avec plus de 44 % des voix. La coalition formée par son parti, Fratelli d’Italia, la Ligue (représentée par Matteo Salvini) et le parti conservateur Forza Italia lui avait assuré la majorité absolue des sièges au Sénat ainsi qu’à la Chambre des députés. 

L’extrême droite remportait alors l’un des plus hauts scores en Europe depuis 1945. 

Un discours basé sur une conception ethnique de la nation 

Près d’un an après son élection, comment s’est concrétisée cette politique tournée autour du slogan « Dieu, Patrie, Famille » ?

En janvier 2022, Carlo Ciccioli, un des leaders de Fratelli d’Italia évoquait les dangers de la « substitution ethnique » — théorie raciste proche de celle du grand remplacement — ainsi que le droit des Italiens de « vivre en tant que peuple et de se reproduire ». Il affirmait ainsi la volonté du parti de favoriser la famille italienne dite traditionnelle, tournée vers la procréation. 

D’ailleurs, depuis un an, Meloni s’évertue à limiter les flux irréguliers d’immigration, dans cette même logique. En vain, visiblement, puisque l’Italie connaît depuis le début de l’année une vague migratoire sans précédent (près de 4 fois plus qu’en 2022).

Des craintes concernant le droit à l’IVG 

Malgré avoir déclaré ne pas vouloir toucher au droit à l’avortement, la Présidente en a tout de même renforcé l’encadrement. Alors que la majorité des gynécologues usent de leur droit d’être « objecteur de conscience », une décision croissante depuis la loi de 1978 sur l’avortement, dans certaines régions, il devient presque impossible de trouver un médecin qui pratique encore l’IVG. 

Dans certains hôpitaux, des associations pro-vie obtiennent des locaux afin de s’entretenir avec les personnes souhaitant avorter, des réunions pouvant aller jusqu’à l’écoute non consentie des battements de cœur du fœtus. Des fonds peuvent même être octroyés aux mères démunies qui renoncent à l’IVG. 

Des mesures brutales contre les personnes LGBT 

Fermement opposée à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, les positions homophobes de Meloni ne s’arrêtent pas là. Depuis le début de l’année, pour les enfants issus de deux mères, le nom de la mère non-biologique ne sera pas enregistré sur l’acte de naissance. Cette mesure, particulièrement violente, retire tous droits juridiques à la mère concernée vis-à-vis de l’enfant.

L’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni représente donc une véritable menace pour les droits des femmes et des personnes LGBT. 

Face à cette arrivée de l’extrême droite, la résistance est faible en Italie. Si Elly Schlein du Parti démocrate est très soutenu par les jeunes, la droite demeure très puissante. Cette adhésion de plus en plus importante à l’extrême droite ne se limite pas à l’Italie.

Ailleurs en Europe, la même démarche 

Bien qu’elle ne soit pas toujours assez influente pour prendre le pouvoir, l’extrême droite s’inscrit de plus en plus massivement dans l’agenda politique des gouvernements. En Suède, les Démocrates ont récemment signé un accord gouvernemental avec le Premier ministre Ulf Kristersson, chef de file des libéraux. 

En Allemagne, Alternative Für Deutschland (AFD), présidé par Alice Weidel, propose un candidat à la chancellerie en 2025. Dans les sondages, le parti est en passe de dépasser les chrétiens-démocrates.

Le même phénomène s’observe en Espagne, en Autriche ou aux Pays-Bas. Bien qu’elle ne soit pas monolithique et se révèle parfois désunie, notamment au Parlement européen, une démarche similaire s’opère à travers le continent, avec pour base la remise en cause des droits fondamentaux.


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