Il y a 40 ans, du 16 au 18 septembre 1982, Israël et les milices phalangistes perpétraient un massacre d’une violence inouïe dans les camps de réfugiés palestiniens à l’ouest de Beyrouth. Revenons sur cet événement de violence sans limites qui a marqué la guerre du Liban.
Le massacre a lieu dans un contexte particulier qui est la guerre civile libanaise (1975-1990) qui oppose les forces progressistes libanaises et les réfugiés palestiniens aux forces réactionnaires comme la milice Kataëb (une organisation paramilitaire phalangiste) soutenue, entraînée et financée par Israël.
C’est dans ce cadre que l’état major israélien avec l’autorisation de la Knesset lance l’opération Paix en Galilée qui consiste à une invasion du Liban afin d’y éliminer les forces de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). La méthode de l’armée israélienne se base sur l’encerclement des camps de réfugiés palestiniens et des bombardements à l’aveugle notamment sur des quartiers résidentiels. L’armée israélienne finit par avancer profondément dans le territoire libanais jusqu’à encercler la capitale dans laquelle 15 000 combattants de l’OLP sont retranchés.
Le 1er septembre 1982 à la demande des États-Unis, un cessez-le-feu est signé. L’armée de l’Etat sioniste doit se retirer et l’OLP doit quitter le territoire libanais, ce qui est fait. Le 11 septembre, Israël enfreint le cessez-le-feu et encercle les camps de Sabra et Chatila.
Le massacre
Pendant la nuit du 14 au 15 septembre, le chef de l’état-major israélien Rafaël Eytan se rend au siège de Kataëb à Beyrouth pour ordonner l’attaque contre Beyrouth Ouest. Le 16 septembre au soir, le secteur de Sabra et Chatila est éclairé au mortier par l’armée israélienne, et les phalangistes entrent dans les camps. A 19 h un lieutenant israélien donne l’ordre de tuer une cinquantaine de femmes et d’enfants.
À 20 h 40, l’état-major israélien est au courant de la situation à l’intérieur des camps et sait qu’il n’y a aucun membre de l’OLP dans les camps. Le 17, les Palestiniens sont déplacés ou assassinés sur place, des meurtres ont lieu aussi autour du camp. Des femmes et filles sont violées et leurs cadavres mutilés pour laisser des symboles phalangistes dans la chair des victimes. A 16 h Rafaël Eytan tient une réunion avec les phalangistes qu’il félicite.
Les femmes et les enfants sont déplacés dans un stade non loin des camps pour être exécutés, les hommes eux sont exécutés sur place. Les phalangistes ne quitteront les camps que le 18 à 8 h. Le massacre aura duré 38 heures avec un bilan humain flou, car les miliciens ont emmené des camions remplis de corps et en ont jeté d’autres directement dans la mer pendant leur retraite, mais on estime qu’il y a eu entre 460 et 3 500 morts.
L’oubli
Les images et les témoignages ne tardent pas à faire le tour du monde et l’opinion internationale se retrouve heurtée et bien souvent s’indigne. La presse à travers le monde condamne quasiment unanimement le massacre.
L’ONU en assemblée générale qualifie les événements de « massacre à grande échelle » et « d’acte de génocide ». Mais aucune sanction à la hauteur des actes commis n’est prise à l’encontre de l’état sioniste et la mémoire des crimes d’Israël s’efface au fil du temps.
C’est à nous de faire vivre cette mémoire, le massacre de Sabra et Chatila a profondément marqué la communauté internationale, mais ce n’est malheureusement pas le seul, on peut penser au massacre de Khan Younès en 1956 ou encore celui de Deir Yassin en 1948 et beaucoup d’autres.
N’oublions pas qu’Israël demeure l’État le plus condamné par l’assemblée générale des Nations unies. Rien qu’en 2020 l’état sioniste est l’objet de 17 condamnations sur les 21 en total sur l’année. Israël doit reconnaître les crimes de sang perpétrés sur des milliers de Palestiniens, de Libanais, de Jordaniens, d’Egyptiens.