Le gouvernement a récemment annoncé la création du contrat d’engagement jeunes, très proche de l’actuelle et insatisfaisante garantie jeunes.
Ce dispositif attendu en mars 2022 s’adresse à 400 000 jeunes de 16 à 25 ans. D’une durée d’un an, il a pour but affiché d’accompagner les jeunes vers l’emploi et l’insertion. Sur leur demande, 500 euros leur sont versés par mois s’ils respectent les termes du contrat et font preuve d’assiduité.
C’est marrant, on dirait la garantie jeunes ! Macron n’a jamais caché sa volonté d’étendre cette dernière, mise en place sous Hollande.
Tout d’abord, ces mesures viennent pallier deux vides : l’absence du RSA pour les moins de 25 ans (alors que les jeunes travailleurs cotisent) et le démantèlement des services publics, notamment celui de l’orientation. Le contrat d’engagement jeunes est l’expression du refus de combler ces vides.
Pour comprendre l’impact que pourrait avoir le CEJ (Contrat d’Engagement Jeunes), il faut faire un bilan de la garantie jeunes.
Une allocation sous conditions et dégressive pendant un an
La garantie jeunes est dégressive si l’on a un autre revenu, de 300 euros par mois jusqu’au SMIC. Son suivi est assuré par les missions locales.
Le premier mois, on a un suivi assez poussé, de nombreuses « formations » sont données à des groupes d’une quinzaine de jeunes. On y apprend à faire un CV, une lettre de motivation, à utiliser très basiquement un ordinateur.
Les mois suivants, il n’y a qu’à remplir « la remobilisation » du mois. Concrètement, ça veut dire qu’on doit déclarer ses revenus et son activité professionnelle à la mission locale et que l’on doit effectuer une activité qu’elle propose.
Il peut s’agir de la participation à un salon de l’emploi, d’une découverte de métier en réalité virtuelle, ou d’un visionnage de vidéo. Il faudra ensuite en faire un résumé et indiquer si ça nous apprend des choses.
On peut travailler en étant sous garantie jeunes, faire un stage et même un service civique. Après un an, elle prend fin. L’objectif est que vous soyez dans une situation d’emploi, de stage, de service civique ou de formation, et ce peu importe la précarité du contrat ou la pérennité des débouchés. Si l’objectif final est de sortir les jeunes du chômage et de l’inactivité, le dispositif les conduit vers un emploi précaire et donc vers le chômage.
Accompagner la précarité ou créer des emplois ?
Selon la DARES, fin 2019, 43 % des jeunes bénéficiaires ont accédé à un emploi, une formation, un contrat en alternance ou créé une entreprise. De 2013 à 2018, 229 000 jeunes auraient été sous garantie jeunes. En 2020, le Gouvernement avait étendu cette dernière pour accueillir 100 000 jeunes, l’ambition pour 2021 était de 200 000, et le CEJ en vise 400 000. Un nombre inférieur à celui des 1,6 million de jeunes sans emploi ni formation.
Le bilan de la garantie jeunes n’est pas fameux. Bien que cette mesure permette à de nombreux jeunes de sortir un peu la tête de l’eau, elle ne constitue pas une solution pérenne face au chômage des jeunes. En effet, il y a d’un côté le manque de moyens des missions locales, le manque de personnel, et d’un autre côté le déficit de l’offre d’emploi.
Pour le Contrat d’Engagement Jeunes, l’écart entre les objectifs et les moyens qui y seront alloués est encore plus important selon la CGT Mission Locale. Cet écart le rendrait inefficace.
La nouveauté se trouve dans 2,50 euros supplémentaires, et dans les 15 ou 20 heures d’accompagnement par mois. Le gouvernement cherche à caser le plus de jeunes possible dans le CEJ afin de faire baisser les chiffres du chômage quitte à envoyer la majeure partie d’entre eux vers des emplois précaires et temporaires.
Au contraire, les jeunes communistes revendiquent dans l’immédiat l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans, mais surtout plus de moyens pour des services publics de proximité, notamment la création d’un service public de l’orientation pour accompagner les jeunes tout au long de leur parcours jusqu’à un emploi stable. Ces mesures s’articulent avec la baisse du temps de travail, l’augmentation des salaires et la nationalisation des secteurs économiques stratégiques afin de créer des emplois stables et utiles.