De Greta Thunberg à Youth for climate, de nombreuses organisations, associations et personnalités dénoncent l’inaction des États face au réchauffement climatique. Mais certaines contradictions rendent parfois les propositions incomplètes ou contre-productives.
La contradiction centrale de nombre de partisans du mouvement pour le climat porte sur la question de la production. « Le système capitaliste est très souvent lié au productivisme qui place la production comme objectif ultime de nos sociétés […]. Ainsi, nous sommes également anti-productivistes », tente d’expliquer Youth for climate dans sa Charte de Grenoble. Le problème est plutôt, selon nous, pour qui nous produisons, comment nous produisons et où nous produisons. Les capitalistes ne s’intéressent pas à la production pour produire, la production n’est qu’un moyen pour eux pour faire des profits et accumuler des richesses.
Dans l’industrie automobile par exemple, les délocalisations massives pour produire grâce à une main-d’œuvre à moindre coût ailleurs ont entraîné une chaîne de transports pour assembler et déplacer les pièces et véhicules, souvent par camion, émettant plus de gaz à effet de serre. Ces délocalisations n’obéissent pas à l’objectif de produire plus, mais au contraire à celui de produire de manière rentable.
Autre aspect : émettre moins de gaz à effet de serre, c’est se tourner vers des moyens de transports collectifs. C’est réadapter les modes de transport pour sortir de moyens individuels. Cette transformation nécessite des investissements et une industrie afin de répondre à des besoins essentiels. On ne peut donc pas revendiquer une baisse des transports en avion et en camion, tout en s’opposant à ce que la production se développe localement et nationalement, ne serait-ce que pour produire les milliers de kilomètres de rails indispensables au recul de la voiture.
De plus, on accole souvent surproduction et surconsommation, alors que la surconsommation n’est pas une réalité pour la majorité de la population mondiale, qui peine à consommer à hauteur de ses besoins les plus élémentaires. Le capitalisme d’aujourd’hui est caractérisé certes par une surproduction, mais également en face par une sous-consommation des masses populaires. Produire autrement. Voilà le bon mot d’ordre. Ce n’est pas la production qu’il faut abattre, c’est la rentabilité du capital.