Dans la nuit du mercredi 1ᵉʳ au jeudi 2 novembre 2023, une violente tempête, comparable à celles de 1997 et 1999, s’est abattue sur la Bretagne et la Normandie, coupant l’électricité à 800 000 foyers. Ce phénomène climatique pourrait être amplifié à l’avenir par le réchauffement de la planète.
Des dégâts considérables et des records de vitesse de vent battus
Au matin du 2 novembre, les Bretons se sont rendu compte de la puissance de la tempête Ciaran.
Dans le Finistère et les Côtes-d’Armor, de très nombreux records jusqu’alors détenus par l’ouragan de 1987 et la tempête de 1999 ont été battus. C’est le cas notamment d’une rafale à 207 km/h à la pointe du Raz, de vent à plus de 150 km/h à Brest, d’une pointe à 195 km/h sur l’île de Batz ou de rafales à plus de 130 km/h à Saint-Brieuc.
De nombreuses maisons ont eu leur toit abimé, les routes ont été coupées par la chute d’un très grand nombre d’arbres, et les trains n’arrivaient toujours pas à Brest le dimanche 5 novembre. Le toit d’un bâtiment de la faculté de sciences et techniques de Brest s’est même envolé, provoquant “l’impossibilité définitive d’utiliser les salles du bâtiment” selon Paul-Alain Jaffrès, doyen de la faculté, dans un mail adressé aux étudiants.
L’électricité a été coupée pour 800 000 foyers rien qu’en Bretagne et, trois jours plus tard, c’est encore près de 198 000 foyers qui n’avaient pas encore été reconnectés au réseau.
La tempête Ciaran aura fait trois morts dans l’Hexagone et plusieurs dizaines de blessés. Le coût des dégâts s’élève à plusieurs centaines de millions d’euros.
Un phénomène naturel…
Ces épisodes de forte tempête ont pour origine ce que les météorologues appellent le courant-jet ou jet stream.
Il s’agit de courants d’air très forts qui sont situés entre 8 et 12 km d’altitude et qui parcourent le globe sur plusieurs milliers de kilomètres d’ouest en est. Ce sont les vents les plus forts et dont la célérité et l’orientation varient fortement au sein du courant-jet qui provoquent des dépressions, pouvant dégénérer en tempêtes comme Ciaran.
Ces courants-jet existent naturellement dans l’atmosphère terrestre. Ils se répartissent en deux catégories : les courants polaires (dont la position change régulièrement de latitude) et les courants subtropicaux (dont la position est beaucoup plus stable en latitude).
Ces courants-jet sont très importants, car ils délimitent les latitudes tempérées (ni trop chaudes ni trop froides) ce qui nous permet d’avoir quatre saisons stables sans variation trop extrême entre l’hiver et l’été.
… mais qui pourrait être amplifié par l’Homme
La question qui se pose est désormais la suivante : quelle est l’implication du réchauffement climatique dans ces épisodes météorologiques violents ?
À l’heure actuelle, il est trop tôt pour affirmer que la tempête Ciaran est un produit du réchauffement climatique. Les scientifiques n’ont pas encore assez de données pour affirmer ou infirmer cette hypothèse.
En revanche, il est probable que le réchauffement de la planète agisse sur les courants-jet comme sur le phénomène naturel El Niño. C’est-à-dire que le phénomène risque de s’intensifier à l’avenir à mesure que l’atmosphère se réchauffe.
Malheureusement, les scientifiques ont de moins en moins de temps pour donner un avis tranché sur la question, sachant que la limite d’émissions de gaz à effet de serre fixée par l’accord de Paris est déjà presque atteinte. Les gouvernements du monde entier, et particulièrement des pays développés, tournent encore le dos à la communauté scientifique.
Celle-ci est, de ce fait, de plus en plus décrédibilisée aux yeux du grand public, et ses moyens financiers et matériels ne cessent de diminuer. Nous sommes ainsi encore loin de comprendre dans leur globalité tous les ressorts du réchauffement climatique.