La souveraineté alimentaire, définie comme le droit des peuples à définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires, s’impose comme une réponse à la crise mondiale du système agroalimentaire.
Un système agroalimentaire qui, dans une logique capitaliste de maximisation des profits, exploite les agriculteurs et agricultrices et prive les classes populaires du droit de se nourrir de manière saine et durable.
La souveraineté alimentaire face au capitalisme
La concentration des terres, l’industrialisation de l’agriculture et la dépendance aux intrants chimiques (engrais, pesticides), entraînent une marginalisation des petits producteurs et productrices, ainsi qu’une dépendance accrue aux multinationales, qui contrôlent la production, la distribution et les semences. Il résulte de cette situation la dépossession des paysans et des paysannes de leurs moyens de production : ils deviennent employés de grandes exploitations ou dépendants aux circuits industriels. On observe ainsi une expropriation des savoirs traditionnels, remplacés par des technologies brevetées, renforçant ainsi le pouvoir des grands groupes industriels agroalimentaires.
Les enjeux écologiques et sociaux de la souveraineté alimentaire
La crise écologique impacte directement la souveraineté alimentaire ; l’exploitation de la nature par le système capitaliste, révèle son incapacité à préserver ses propres conditions de reproduction. L’artificialisation des sols, la pollution des eaux et l’érosion des terres agricoles illustrent ces contradictions internes.
Sur le plan social, l’accès à une alimentation de qualité est de plus en plus inégalitaire. La concentration des richesses et la précarisation croissante des classes populaires limitent leur capacité à accéder à des produits locaux et biologiques, quand ce n’est pas l’accès même à l’alimentation qui est difficile. Une étude de 2023 du Crédoc observe une hausse de l’insuffisance alimentaire, avec 16 % de la population qui n’a pas assez à manger, les jeunes étant un profil particulièrement touché par cette précarité.
Vers une souveraineté alimentaire émancipatrice
La souveraineté alimentaire ne saurait être atteinte sans une remise en cause radicale des rapports de production capitalistes. En France, cela implique de soutenir une agriculture paysanne et écologique, orientée vers les besoins locaux plutôt que vers l’exportation. Les enjeux d’alimentation et écologique imposent une réforme agricole et du système agroalimentaire dans son ensemble qui suppose une collectivisation des moyens de production et une planification démocratique des politiques agricoles.
La souveraineté alimentaire en France est à la croisée des chemins. Ce combat dépasse la simple agriculture : il s’agit d’un enjeu de justice sociale, d’écologie et d’émancipation collective. La reconquête de notre souveraineté alimentaire est indissociable de la lutte pour une société libérée de l’exploitation et des inégalités.