La loi Énergie Climat votée en 2019 affiche un plan de sortie des énergies carbonées (émettrices de gaz à effet de serre) d’ici 2050. Si ce plan de sortie est indispensable dans la lutte contre le réchauffement climatique, d’autres objectifs mis en parallèle posent des questions sur la faisabilité. En effet, la réduction de la part du nucléaire (50 % du mix électrique d’ici 2035) et les récentes déclarations d’Emmanuel Macron sur une volonté de freinage des investissements dans l’éolien posent la question d’une possible réduction de la production d’électricité, alors que celle-ci demeure la moins émettrice de gaz à effet de serre.
Quelle production d’électricité en France ?
Pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES), il faut d’abord comprendre où elles se situent. France, le premier poste de consommation d’énergie réside pour 67 % dans le pétrole alors que l’électricité, qui reste peu émettrice de CO2 représente 37 % de la consommation totale. Pour ce qui est de la production d’énergie électrique, celle-ci est largement décarbonée puisque le charbon et le gaz naturel qui sont les plus gros émetteurs de GES n’occupent que 8 % du mix électrique. Dès lors, on comprend que la réduction du nucléaire ou le freinage de l’éolien ne permettront pas de lutter contre le réchauffement climatique. Les alternatives ne sont pas légion, d’autant plus que l’hydraulique est utilisée au maximum de ses capacités en France et constitue 11 % du mix électrique en France.
L’avenir nous promet une augmentation de la part d’électricité dans le mix énergétique. Par exemple dans les domaines du transport avec la promotion de la voiture électrique, si l’augmentation de l’efficacité énergétique permet des gains, il est peu probable que les besoins de production diminuent de façon importante.
En voulant contenter « en même temps » antinucléaires et anti-éoliens, le gouvernement rentre en contradiction avec les défis qui nous attendent qui sont de répondre à la demande en électricité croissante et maintenir notre production électrique dans la neutralité carbone.
Fermeture de Fessenheim, quel avenir pour les salariés ?
À Fessenheim, l’inquiétude des 1000 salariés du site face à un avenir incertain.
Le gouvernement a annoncé le reclassement de 750 salariés de la centrale qui seront affectés sur d’autres sites ou accompagnés dans la recherche d’un nouvel emploi. Certains seront amenés à quitter la région avec leur famille.
Côté écologie, l’expérience allemande a de quoi laisser des doutes sur la capacité de la France à diminuer en parallèle les émissions de CO2. Certains experts avancent une production additionnelle de 10 millions de CO2 avec cette fermeture de centrale. Ces émissions supplémentaires sont notamment dues à des freins technologiques en matière d’énergies propres, conjugués à une demande d’électricité constante.
Précarité énergétique
Alors que certains prônent une sobriété heureuse, plus de 3 millions de ménages (12 %) en France vivent une sobriété contrainte. Cela s’illustre par une difficulté à se chauffer du fait de factures trop élevées (plus de 8 % du revenu). À l’hiver 2018, 15 % des Français ont déclaré avoir souffert du froid, 4 cas sur 10 seraient dus à une mauvaise isolation.
En chiffres
Émissions de GES :
- 400 000 c’est le nombre de décès prématurés chaque année à cause de la pollution dans l’air selon l’OMS.
- 80 % de la hausse de température moyenne mondiale depuis 1970 est due à l’usage des énergies carbonées (pétrole, gaz et charbon).
Énergie :
- 24,3 % : c’est la part de l’électricité dans la consommation finale d’énergie en France. Le pétrole occupe 40 % de la consommation finale.
- 21,5 % : c’est la place des énergies renouvelables dans la production d’électricité.