Dans une chronique dans le JDD, Sonia Mabrouk attaque le nouveau programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS), prétendant qu’il faut laisser faire les familles et que l’école devrait se contenter d’informer. Elle reprend la vieille maxime « La famille éduque, l’école instruit. » Que nous dit cette position ?
Le programme d’EVARS présenté la semaine dernière est assez complet. Les violences sexistes et sexuelles sont un fléau. Chaque année en France, des centaines de femmes meurent sous les coups de leur conjoint, des milliers de femmes sont victimes de viol ou d’agression sexuelle. Face à cela, la société ne peut pas rester sans rien faire. Le meilleur espace pour diffuser des savoirs et faire réfléchir chaque jeune, de la même manière, sans influence religieuse ou familiale, c’est l’école, sanctuaire de la République. C’est à cela que s’attaque Sonia Mabrouk quand elle dénonce des « normes que l’État pourrait diffuser ».
« La famille éduque, l’école instruit. » Bravo Mme Mabrouk, vous voilà de retour 50 ans en arrière. Dans les années 1970, la circulaire Fontanet faisait la même distinction que vous. Il y avait d’un côté l’hygiène, la biologie et la reproduction. C’était de l’information, alors obligatoire à l’école. Tout ce qui concerne le consentement, le plaisir mutuel, l’égalité femme-homme était alors facultatif. Heureusement, ce débat a été tranché quelques années après, ces notions sociales ont été intégrées.
Les enjeux sont très clairs. Les violences sexistes et sexuelles, les inégalités femmes-hommes doivent être combattues. L’outil le plus puissant pour éduquer est l’école. Tout ce qui ne se fait pas à l’école, se fait de manière inégalitaire selon les familles. De nombreuses familles continuent d’expliquer à leurs enfants que les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes besoins, ne parlent jamais de consentement, expliquent que la place de la femme est à la maison, qu’une femme ayant déjà eu des rapports sexuels avant le mariage est une femme impure… L’école doit être un lieu de savoir et de progrès. Celles et ceux qui dénoncent l’EVARS se rendent complices des violences sexistes et sexuelles.