L’heure est au bilan de la saison 2021-2022 et les structures culturelles vivent encore les conséquences de la crise sanitaire.
Le constat est sans appel, l’absence de public a pesé sur les établissements culturels. Cinémas, théâtres ou autres ont dû faire face à une baisse de la fréquentation historique.
Déplacement des pratiques culturelles
La raison principale de cette baisse serait la modification profonde des pratiques culturelles.
Avant la crise sanitaire, nous observions déjà un déplacement des pratiques vers une consommation individuelle de produits culturels numériques. Après les longs mois de confinement et la fermeture des lieux, l’accélération de cette transformation des pratiques s’est fait ressentir.
Les structures culturelles peuvent toujours compter sur les publics les plus assidus qui, dès le déconfinement, sont retournés dans les salles. Néanmoins, du côté des publics occasionnels, le retour en salle est plus compliqué.
La surproduction culturelle face à un public peu mobilisé
L’absence de public peut aussi être analysée sous le prisme de la surproduction de produit culturel. En effet, le secteur observe une offre culturelle trop grande par rapport au public disponible.
Après près d’un an de fermeture, les structures culturelles ont vu les reports s’accumuler. En parallèle, durant la crise sanitaire, la création de nouvelles œuvres ne s’est pas arrêtée. De ce fait, nous nous retrouvons face à un embouteillage, entre report et création, provoquant une offre bien trop grande par rapport au public disponible.
Une réalité économique difficile
Enfin, l’inflation grandissante a accablé les ménages. La priorité n’est plus au divertissement quand remplir un frigo devient impossible. Pourtant, l’importance des loisirs dans le développement de l’individu a été maintes fois prouvée.
Ce trou budgétaire a donc privé les ménages de sorties culturelles, pesant aussi sur le remplissage des salles.
Transformation du milieu nécessaire
Face à la désertion des salles, le milieu culturel, et particulièrement celui du spectacle vivant, doit aussi se remettre en question.
Le rapport de la Cour des comptes publié récemment observe la crise de surproduction et le saupoudrage d’aides publiques. Le secteur doit trouver un équilibre entre la liberté de création des artistes et l’orientation de la création vers le public dans son ensemble, et non seulement vers les publics de niche. Ainsi, il pourrait sortir de l’entre-soi qui ne lui garantit pas un avenir pérenne.
Aussi, pour trouver cet équilibre, il est important que les subventions publiques soient revues à la hausse, afin de garantir une sécurité financière manquant cruellement au secteur culturel public.
Une politique des publics à repenser
Malheureusement, pour remplir des salles de spectacles, il ne suffit pas de changer la programmation.
Il faut aussi donner aux personnes les moyens d’aller dans les salles. Les réalités économiques imposent une réponse du gouvernement. La politique d’accès aux loisirs et au spectacle doit-être repensée et des mesures d’accompagnement doivent être mises en place. Les chèques culture sont un premier pas dans cette entreprise, mais doivent être étendus à l’ensemble de la population.
De plus, il est nécessaire de développer à grande échelle les politiques d’éducation artistique et culturelle ainsi que les actions de démocratie culturelle. Rapprochant ainsi, les publics des salles et les établissements culturels des publics.