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Les jeunes comme variable d’ajustement
Malgré les mesures du Gouvernement censées favoriser l’emploi des jeunes, le chômage demeure particulièrement élevé alors même que les entreprises se sont saisies de l’effet d’aubaine offert par le plan de relance. A ces jeunes s’ajoutent celles et ceux qui n’ont aucune formation. Ensemble elles et ils forment ce qu’on appelle les NEET.
L’INSEE a indiqué que le nombre de NEET en 2020 progresse de 1,1 point pour atteindre un nombre total de 1,6 million de jeunes sans emploi, sans études et sans formation. Il y avait pourtant depuis 2015 une tendance à la baisse de cette catégorie des 15-29 ans.
Cette situation montre encore une fois le fossé entre la réalité et les annonces du Gouvernement qui se réjouissait d’avoir permis l’embauche d’un million de jeunes ou d’avoir permis une progression forte de l’apprentissage.
Ces mesures sont en réalité totalement détournées par les entreprises qui en profitent pour bénéficier d’une main-d’oeuvre dont ils ont de toute façon besoin mais qu’ils peuvent trouver à un prix bien inférieur via des exonérations de cotisations, des aides et autres bas salaires.
Par là, le Gouvernement exonère les entreprises et le capital de leur responsabilité dans le chômage et dans la crise. Les aides n’étant même pas conditionnées à de véritables créations d’emplois. Au besoin, le Gouvernement propose même aux jeunes de travailler gratuitement ou presque.
Pourtant, comme le montre la Région Franche-Comté, cela est tout à fait possible. Elle a notamment décidé de conditionner les aides à l’embauche de jeunes, parmi d’autres engagements possibles. La « charte d’engagement » prévoit même que l’employeur qui sollicite une telle aide devra « recueillir (l’)avis motivé » des représentants du personnel qui pourront contrôler la bonne application de la charte.
Assurance chômage : ce sera pire que prévu
Malgré une situation de l’emploi et de la formation particulièrement dégradée. Le Gouvernement persiste dans la mise en œuvre de sa réforme de l’assurance chômage malgré des revers.
Alors qu’on envisageait une réforme qui impacterait le droit à assurance chômage d’environ 800.000 chômeurs et chômeuses, un rapport de l’Unédic indique que ce serait en fait 1,15 millions de personnes qui verraient leur indemnité réduite.
Le Gouvernement avait envisagé des indicateurs permettant une mise en œuvre effective de la réforme dès une amélioration de la situation économique. Les estimations actuelles prévoient une amélioration de la situation au cours du premier semestre 2022, soit une entrée en vigueur l’année prochaine voire fin octobre 2021.
La réforme permettrait d’économiser 2,3 milliards d’euros obtenus notamment par une réduction des indemnités de 17% en moyenne pour les allocataires précédemment cité·s.
Quant à l’accès au droit à indemnisation, celui-ci serait reculé du fait des nouvelles modalités de calcul de la durée d’affiliation nécessaire. 285.000 personnes verraient leurs droits décalés de 5 mois en moyenne et 190.000 le verraient reculer de plus d’un an faute d’avoir eu les 6 mois d’affiliation minimum contre 4 pour l’instant.