Le mardi 19 janvier, le groupuscule fasciste Génération Identitaire a réalisé le même coup de force fait 3 ans auparavant dans les Alpes: une opération anti-migrants à une frontière française.
Cette fois encore, c’est dans une région montagnarde connue pour son hospitalité des réfugiés au fil des siècles et son opposition au fascisme que se sont rendus les militants d’extrême droite : les Pyrénées.
Les Pyrénées, terre d’exil des Républicains espagnols
Les Pyrénées et la frontière franco-espagnole sont connues pour leur hospitalité vis-à-vis des réfugiés de la guerre civile espagnole et de la dictature franquiste. Comme pour les milliers de Portugais fuyant la dictature de Salazar qui ont également permis l’éveil culturel et économique des régions Pyrénéennes.
Combien de familles se sont créées grâce à l’arrivée des Espagnols et des réfugiés ? Le groupuscule identitaire apparaît bien à contre-courant de cette histoire pyrénéenne.
En 1936, Franco et des généraux militaires fascistes soutenus par le régime d’Hitler lancèrent un putsch militaire, au prétexte d’un danger (plus ou moins fantasmé) d’une Espagne se tournant vers le communisme.
C’est la résistance des Républicains, parmi lesquels bon nombre de communistes, qui tint tête à Franco pendant la guerre civile, prologue à la Seconde Guerre mondiale.
Après des années de guerre, et de massacres tels que Guernica, Franco, appuyé par les chars italiens de Mussolini et les bombes nazies, a pris le pas sur les Républicains soutenus par la seule Union Soviétique et abandonnés par les démocraties bourgeoises comme la France et l’Angleterre, rechignant à ce moment là à entrer en guerre contre les régimes fascistes.
Après la capitulation de la Catalogne, dernier bastion républicain, des milliers d’Espagnols fuirent Franco et la dictature en direction de la France.
Tandis que la solidarité avec les réfugiés s’organise localement, la réponse du gouvernement de l’époque est la création de camps de réfugiés, sordide prélude aux camps de concentration de la seconde guerre mondiale. Certains, comme celui de Gurs (64) seront d’ailleurs réutilisés par les nazis quelques années plus tard.
Terre d’accueil, terre d’antifascistes
Malgré cela, Espagnols puis Portugais ont continué de traverser les Pyrénées pour fuir la dictature au profit de la solidarité et de l’hospitalité. Au fil des années, ceux-ci s’intègrent et intègrent leur culture aux départements Pyrénées, venant ainsi développer la richesse culturelle de ces lieux, mais aussi grossir les rangs de la résistance intérieure face au nazisme, et ce tandis que leur pays était toujours lui-même en proie au fascisme.
Les Pyrénées apparaissent alors comme un haut lieu de la lutte antifasciste en France, là où pour beaucoup de seniors, la dictature et le fascisme sont passés deux fois.
Génération Identitaire s’est livré à une ignoble opération de communication anti-migrants, portant en discours d’exclusion à rebours de l’histoire pyrénéenne, prétendant en faire un lieu de défense d’une identité française et européenne fantasmée, tandis que des montagnes et de la roche raisonne encore ce chant antifasciste: No pasaran !