Nouveau confinement, nouvelles règles
Le Gouvernement a décidé d’un reconfinement « général ». On sait déjà que beaucoup de choses changent depuis mars, notamment les dérogations qui sont élargies avec plus ou moins de cohérence. Mais les règles de ce reconfinement, qui vont s’égrener au fil des décrets, vont également changer et l’on en connaît déjà certaines.
En matière de chômage partiel, l’indemnisation est diminuée. Un décret du 30 octobre réduit le taux d’indemnisation des salariés placés en chômage partiel de 70 à 60%. Le taux minimum, c’est-à-dire celui en dessous duquel l’indemnité ne peut pas descendre malgré le pourcentage fixé, est ramené de 8,03 euros à 7,23 euros. Le Gouvernement confirme donc son choix opéré depuis mai de privilégier le soutien aux entreprises plutôt qu’aux travailleurs. Tout l’argent mis sur la table vise donc uniquement à soutenir la rentabilité du capital des grands groupes et des grandes sociétés quand le maintien de la rémunération des travailleurs est elle bradée.
Un autre décret publié à la même date ouvre le droit à plusieurs secteurs d’activité de déroger aux règles en matière de prêt de main d’oeuvre en prêtant eux-mêmes leurs salariés. Il faut rappeler que le prêt de main d’oeuvre, appelé marchandage lorsqu’il est illicite, est autorisé en France à condition d’être une activité exclusive, ce sont les boîtes d’intérim.
Ici, une entreprise normale pourrait prêter un salarié à une autre entreprise avec laquelle le salarié n’a consenti à aucun contrat. Cela va totalement à l’encontre de la liberté de contracter qui, si l’on avait encore un doute, est une liberté n’appartenant qu’à la bourgeoisie. Les travailleurs sont eux contraints par leur état de se salarier pour vivre. Mais une fois après avoir contracté, ils peuvent encore changer d’employeur, donc de lieux de travail avec d’autres métiers, d’autres collègues, d’autres règles et d’autres conditions de travail, si le premier employeur décide de les marchander.
En outre, cette liste semble liée à la liste des secteurs d’activité particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation et à la poursuite de l’activité économique. Cette liste qui devait être fixée par décret lors du premier confinement pour désigner les entreprises qui pourraient déroger aux règles définissant les durées maximales du travail et les règles relatives au repos.
Et ce ne sont que les premiers décrets…
Baisse du chômage au troisième trimestre ? Pas vraiment…
Une baisse de 11,5% du nombre de chômeurs sans aucune activité, la catégorie A, a été annoncée par Pôle emploi pour le troisième trimestre. Elle est même de 15,2% pour les moins de 25 ans. Cela ne doit pourtant pas masquer qu’elle s’inscrit dans une hausse globale du chômage.
En effet, ces effets peuvent s’expliquer par la reprise de l’économie et par la mise en oeuvre du plan de relance. En ce qui concerne les effets de ce dernier, encore faut-il regarder de quels types de contrats il s’agit, puisque le Gouvernement ne subventionne que des emplois courts et précaires qui ne garantissent pas des emplois. Qu’adviendra-t-il des jeunes embauchés avec des aides quand les aides ne seront plus versées ?
Encore faudrait-il préciser quels types de contrats sont conclus. Les chiffres de l’ACOSS indiquent une hausse du nombre d’embauche de 5% sur le dernier trimestre mais avec une grande majorité de CDD de plus d’un mois. On ne connaît pas les chiffres des CDD de moins d’un mois et les contrats d’intérim conclus.
Encore faut-il préciser également que si le nombre de chômeurs catégorie A diminue au troisième trimestre, c’est en comparaison du deuxième trimestre, trimestre du confinement qui a connu une forte hausse du chômage.
Encore faut-il préciser également que si le nombre de chômeurs catégorie A diminue certes fortement, le nombre de chômeurs catégories A, B et C, comprenant le chômage partiel, est lui resté stable avec une baisse de seulement 0,5%. Plus qu’une réelle baisse du chômage, il semblerait qu’un jeu de vases communicants se soit opéré, de la catégorie A vers les catégories B et C.
Encore faut-il préciser que les destructions d’emploi se poursuivent. D’après les chiffres de la DARES, le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), ou plans de licenciements, a crû. Bien que certaines données soient gardées secrètes, au moins 15 PSE ont été enregistrés au deuxième trimestre et sont passés à 129 au troisième trimestre. Cela fait passer le nombre de salariés menacés par ces plans de 1.635 à 11.905. Cela représente une augmentation de plus de 627% du nombre de salariés visés par des licenciements collectifs entre les deux trimestres. Les licenciements économiques individuels ont eux augmenté de 292,81% sur la même période.