Chauffage. Nous sommes déjà sobres !

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« Finie l’abondance » : le chef de l’Etat a prononcé cette phrase pour nous préparer à faire des sacrifices, quand Gabriel Attac ministre des comptes publics dit qu’il faut s’attendre à des « tensions » cet hiver concernant l’énergie. Le gouvernement prévoit une mesure phare : « baisser le chauffage d’un degré ». 

Seulement, ce sacrifice est déjà fait par de nombreuses Françaises et Français. Bien avant la crise de l’énergie qui s’apprête à prendre de l’ampleur cet hiver. Victimes de ce que l’on nomme « précarité énergétique », ces ménages se trouvent dans une situation où ils sont dans l’incapacité de payer leurs factures et souffrent du froid par manque de moyens. L’INSEE estimait à 6 millions de foyers en situation de précarité énergétique en 2013 : c’est le premier poste de demande d’aide sociale après le logement. Ce chiffre est en hausse constante entre cette date et 2002, premier chiffre disponible. 

Ces foyers sont dans une situation d’insalubrité grave, mais ils ne constituent pas une majorité des foyers. En réalité, la population française est surtout composée de ménages sur le fil, qui estiment consommer déjà le minimum, en particulier les couches populaires et les retraités. Ils et elles ont du chauffage, ne vivent pas dans le froid, mais ont déjà baissé le chauffage et mis un pull.

Plus que seulement le chauffage, la sobriété de manière générale est déjà dans la tête de tous les Français. Par sympathie écologique peut-être, mais surtout par obligation économique. Changer les ampoules, passer en mode éco sur la machine : les « petits gestes » sont déjà quotidien dans la plupart des ménages. Seulement, ces petits gestes ne suffisent pas. 


La transition énergétique passe par le logement

Une politique écologique qui réconcilie la planète et le portefeuille est plus qu’urgente et nécessaire, c’est dans notre intérêt à tous. Ainsi nous payons cher l’absence de politique de logement d’ampleur depuis des années. Notamment avec le chauffage, le logement constitue la première catégorie de dépenses énergétiques en France. La lutte contre l’habitat insalubre ou indigne ne constitue pas seulement une nécessité sociale, mais aussi verte. 

Consommer moins tout en garantissant une qualité de vie doit devenir une priorité. De manière plus générale, c’est une grande politique de rénovation dont a besoin le pays, avec une politique incitative financièrement, mais aussi contraignante, les locataires souffrant souvent de la non-volonté de propriétaires qui rechignent à investir. Cela passe aussi par la rénovation et la construction de logements sociaux de qualité, l’État doit être un exemple. À ce titre les services publics doivent aussi bénéficier de cette politique, avec des dotations conséquentes aux collectivités. S’il n’est pas normal de mourir de froid chez soi, il n’est pas normal de laisser les élèves garder leurs manteaux en cours faute d’isolation. 

Ce sont des centaines de milliers de logements aux nouvelles normes d’isolation thermique que nous devons produire chaque année. Cela passe par un secteur BTP public fort, par l’investissement dans la formation pour ces métiers, par une production publique d’énergie décarbonée au service de cet immense chantier. Ne restons pas paralysés entre les libéraux et les décroissants, la planète souffre déjà.


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