Le gouvernement dirigé par Michel Barnier, en place depuis seulement trois mois, a été renversé par une motion de censure adoptée à 331 voix. Une première depuis 1962..
Une chute attendue
L’issue semblait inéluctable depuis l’engagement du 49.3 par le Premier ministre pour faire passer le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) le 2 décembre.
Les députés du Rassemblement national (RN) et de l’Union de la droite républicaine (UDR), jusqu’ici soutien du gouvernement, se sont joints à la motion de censure déposée par les partis de gauche.
“Le chaos, c’est le refus d’entendre le peuple”, a lancé Nicolas Sansu, député communiste, en dénonçant une politique jugée sourde aux souffrances sociales : augmentation du coût de la vie, précarisation des retraités, humiliations infligées aux Outre-mer et absence de soutien à des causes internationales comme celle des Palestiniens.
Une gestion sous influence du RN
Le gouvernement Barnier était critiqué dès sa nomination pour sa proximité avec les idées et exigences du RN, sans toutefois les assumer publiquement. Dans l’opposition comme dans certains rangs de la majorité présidentielle, beaucoup pointaient un “gouvernement sous tutelle”.
“Il ne pouvait y avoir d’autre issue, souligne André Chassaigne, Président du groupe communiste. Ce gouvernement était condamné par sa dépendance à l’extrême droite. Maintenant, il faut reconstruire une politique au service des Français.”
Et maintenant ?
La censure a non seulement renversé le gouvernement, mais aussi invalidé le PLFSS, adopté en commission mixte paritaire et imposé par le 49.3. Le président, déjà affaibli, doit nommer un nouveau Premier ministre. Malgré les spéculations, le chef de l’État a rejeté toute idée de démission.
Ce renversement marque la fin d’une période d’instabilité où l’exécutif semblait jouer les prolongations. Pour les députés, cet événement est aussi une opportunité.
“Nous devons travailler à une autre politique, notamment sur les retraites et les budgets, pour répondre aux attentes populaires”, a conclu André Chassaigne, appelant à une mobilisation élargie pour bâtir une nouvelle alternative politique.