Austérité dans l’Enseignement supérieur : La crise continue

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Austérité dans l’Enseignement supérieur : La crise continue

Le jeudi 19 septembre, le syndicat SNESUP-FSU alertait dans un édito sur l’austérité des universités françaises, mettant en avant que 4 universités sur 5 risquent de finir l’année en déficit budgétaire. 

Des prévisions alarmantes

Le nombre d’universités déficitaires pourrait quadrupler par rapport en 2022 (15) allant jusqu’à près de 60 établissements en 2025. Ce serait donc environ 80 % des universités françaises qui prévoient de finir dans le rouge avec cette annonce d’une réduction de 500 millions d’euros du budget alloué à la Mires (mission interministérielle pour la recherche et l’enseignement supérieur).

Dans une interview donnée à La Tribune Dimanche, Guillaume Gellé, président de France Universités, tire la sonnette d’alarme face à l’idée que le gouvernement songe à puiser dans les budgets de l’enseignement supérieur pour réaliser des économies. D’après lui, « Une politique d’austérité casserait la dynamique des universités ». En effet, nous sommes très loin des 6 milliards demandés par l’UEC pour développer une université de qualité et de proximité pour chacun et chacune.

Quelles conséquences pour les étudiants et le personnel ?

Pour tenter de trouver les conséquences prévues de ce plan d’austérité, il faut regarder là où les établissements ont pour habitude de faire des économies. 

Les économies se feront donc sur la base du non-remplacement des enseignants partant en retraite et de la mise au placard du recrutement d’agents administratifs, pourtant si utiles au bon fonctionnement des campus.

On peut aussi songer à des mesures drastiques contre les étudiants. Par exemple, au Mirail, la direction a pris la décision de supprimer un Master à deux semaines de la rentrée, laissant sur le côté 8 étudiants inscrits.

Anne Roger, co-secrétaire générale du SNESUP-FSU évoque qu’il y aura sans doute des « coupes sur le chauffage, sur les photocopies et le matériel informatique qui ne fonctionne pas », ainsi que sur « les projets de rénovation des bâtiments qui sont indispensables avec la transition écologique ». Alors qu’il devient de plus en plus difficile pour les étudiants de se loger décemment, il va être de plus en plus difficile pour eux d’étudier décemment.

Qui peut-on pointer du doigt ?

Forcément, on met la faute dans un premier temps sur le gouvernement macroniste. Que ce soit Barnier ou Attal, la libéralisation et l’amour des élites pour le privé perdurent… Et la nouvelle nomination de Patrick Hetzel en tant que ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche n’est pas là pour nous rassurer. Effectivement, ce dernier fut directeur général de l’Enseignement supérieur sous deux gouvernements de François Fillon et fut un ardent défenseur de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) ou dite “Loi Pécresse”.

D’autre part, l’austérité peut tout autant être perçue comme une situation nécessaire et voulue par l’UE. En effet, ne serait-ce pas là une simple conséquence du processus de Bologne ?

Pour rappel, celui-ci a pour but l’harmonisation des systèmes universitaires des différents pays membres de l’UE. En a découlé, l’adoption du système en trois cycles (licence, master et doctorat) ou encore l’utilisation des crédits ECTS. 

Ce processus vise à faciliter l’exploitation des connaissances produites par les institutions publiques au profit des entreprises privées regroupées au sein de lobbys tels que Business Europe. En outre, l’appauvrissement des lieux d’étude n’est que l’accomplissement de la feuille de route bruxelloise. 


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