C’est à Belém, ville du nord du Brésil, que le président Luiz Inacio Lula da Silva a accueilli ces 8 et 9 août un « grand sommet pour l’Amazonie ». Pour la première fois depuis 2009, les pays de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA) se sont réunis autour de la question de la déforestation de l’Amazonie. L’enjeu régional et mondial est de taille.
L’aggravation de la déforestation
Symbole des questions écologiques, le « poumon de la Terre, qui s’étend à 60 % dans les frontières brésiliennes, abrite 10 % de la biodiversité mondiale. Cette forêt joue également le rôle de pompe à eau pour les terres agricoles du sud de l’Amérique latine, ainsi que de puits de carbone.
La déforestation a réduit sa superficie de 17 % et les émissions de dioxyde de carbone ont tellement augmenté ces dernières années que certains bassins émettent plus de CO2 qu’ils n’en absorbent. Si à l’échelle internationale cette déforestation est depuis longtemps perçue comme une véritable menace écologique, ce point de vue est récent à l’échelle nationale.
Depuis les années 70, l’Amazonie apparaissait comme un espace de mise en valeur agricole, inscrite dans le processus d’aménagement du territoire et du développement économique. Sous la présidence de Jair Bolsonaro, elle avait pris une allure accélérée et la déforestation annuelle moyenne avait grimpé de 75 % par rapport à la décennie précédente.
Une coopération balbutiante mais nécessaire
Ce sommet s’inscrit donc dans la politique de Lula, qui s’est engagé, au début de son mandat, à faire de la préservation de l’Amazonie une priorité et à mettre fin à la déforestation d’ici à 2030. Au premier semestre 2023, le phénomène de déboisement a chuté d’un tiers au Brésil, par rapport à la même période l’année précédente.
Bien sûr, lors de cette rencontre, les enjeux étaient également diplomatiques. Les pays de l’OTCA (Bolivie, Colombie, Équateur, Guyana, Pérou, Suriname, Venezuela) se sont mis d’accord autour d’une « alliance amazonienne de combat contre la déforestation » visant à éviter d’atteindre le « point de non-retour » malgré les enjeux de développement économiques. Ce point serait atteint si l’Amazonie venait à émettre plus de carbone qu’elle n’en absorbe.
La déclaration de Belém en cent-treize points dresse les jalons d’une coopération régionale autour du développement économique et de la lutte contre la déforestation illégale, sans fixer d’objectifs communs ou contraignants. En revanche, il pourra servir d’appui pour permettre à l’OTCA de s’imposer lors la COP 28 prévue en novembre.
Le deuxième jour, des représentants d’autres pays possédant des forêts tropicales, tels que la République du Congo, l’Indonésie ou la France, étaient également présents.
Des manifestations ont été organisées par des leaders autochtones pour tenter de faire entendre leurs revendications. Ils s’opposent radicalement à la déforestation et demandent la reconnaissance urgente d’un droit à la terre.