Après trois mois et demi de procès, la cour criminelle du Vaucluse a rendu son verdict sur l’affaire des viols de Mazan le jeudi 19 décembre.
C’est un verdict historique dans une affaire de viol. De septembre à décembre 2024, 51 accusés ont été jugés pour des chefs d’inculpation allant d’agression sexuelle à viol aggravé sur Gisèle Pelicot.
Aucun acquitté
Pour le principal accusé, Dominique Pelicot, ex-mari de Gisèle, la peine maximale de vingt ans de réclusion criminelle a été retenue pour viol aggravé. Il a également été reconnu coupable d’enregistrement et de détention d’images prises à l’insu de sa femme, de sa fille et de ses belles-filles. Les juges ont précisé une période de sûreté de deux tiers, c’est-à-dire une période durant laquelle la peine n’est pas aménageable. L’ensemble des 50 coaccusés a entièrement été reconnu coupable, avec des peines allant de trois à quinze ans d’emprisonnement. Une décision rare et largement saluée. « La culture du viol est enfin dénoncée, condamnée », s’est réjoui Fabien Roussel.
Si aucun d’entre eux n’a été acquitté, la cour a marqué une différence nette entre le mari et les autres accusés dont les peines ont été moindres que celles requises par le ministère public. Parmi eux, six sont ressortis libres, pouvant effectuer leur peine sous forme aménageable.
Suite à ce verdict, dix-sept accusés ont décidé de faire appel. Trois semaines après la fin du procès, le procureur général de la cour d’appel de Nîmes a annoncé qu’un nouveau procès se tiendrait fin 2025. Dominique Pelicot, quant à lui, a fait savoir qu’il ne ferait pas appel. Son avocate a déclaré que ce serait « courir un risque inutile », pouvant lui faire encourir une sanction plus lourde.
Gisèle Pelicot a répondu qu’elle n’avait « pas peur » de ce nouveau procès. Devenue un symbole de la lutte féministe pour une meilleure prise en charge des violences sexuelles par la justice, elle a exprimé sa solidarité « aux victimes non reconnues ».
Malgré cette victoire, le combat est loin d’être terminé. « Si on veut un après-Mazan, il faut l’éducation des enfants et des jeunes aux stéréotypes de genre, aux violences sexistes et sexuelles et au consentement », a déclaré le collectif #Noustoutes. Comme lui, de nombreuses associations ont de nouveau appelé à des « réformes structurelles » en matière de violences sexuelles.