Entre objectifs non tenus, problème de définition et poids croissants de la grande distribution l’agriculture biologique fait face à de nombreux défis.
L’agriculture biologique connaît une belle dynamique. L’agence bio recense ainsi 5 000 exploitations supplémentaires converties à l’agriculture biologique. Avec 41 600 fermes certifiées bio, c’est un peu moins de 10 % du total des exploitations, pour 7,5 % de la surface cultivée, mais 14 % des emplois. En cinq ans, la production a doublé en France.
Une augmentation permise par une demande en hausse et des aides d’Etat. Le système d’attribution de ces dernières est régulièrement critiqué pour ses ratés. Ces aides sont pourtant essentielles puisqu’elles permettent de faire face à la baisse de revenus provoquée par la conversion. Des retards de paiement qui sont d’autant plus dommageable que la hausse reste trop faible pour tenir l’objectif de 15 % des surfaces agricoles utiles certifiées biologiques d’ici 2022. Un objectif que le gouvernement s’était lui-même fixé dans la loi Alimentation.
Une consommation dynamique portée par la grande distribution
La consommation de produits bio suit sensiblement la même trajectoire que la production qui peine encore satisfaire entièrement la demande, ainsi près d’un tiers des produits bio consommés en France sont toujours importé. Une part stable malgré une consommation en hausse de 15 % sur un an. Le marché du bio ne représente toutefois pour l’instant que 5 % des achats alimentaires des Français.
Ces achats se font également pour moitié dans des grandes surfaces. Les producteurs craignent que le bio ne deviennent pas un produit d’appel sur lesquels les grandes surfaces tirent les prix et mettent ainsi en danger la filière. La croissance de ces dernières n’occulte pas pour l’instant celle des réseaux spécialisés. En revanche, le chiffre d’affaires des boutiques indépendantes stagne. La vente directe continue de bien se porter par l’attrait grandissant pour les circuits courts.
Le bio face à sa définition
Autre menace, un certain dévoiement de l’étiquette agriculture biologique. Ainsi il y a aujourd’hui une bataille entre différents acteurs de la production de fruits et légumes bio. Les syndicats historiques du secteur estiment que la production peut se faire dans des serres chauffées. Une vision contestée par les défenseurs de l’agriculture biologique qui estime que le règlement européen l’interdit. Ce dernier dans son article 5 indique :
La production biologique est un système de gestion durable qui repose sur les principes généraux suivants :
a) Respecter les systèmes et cycles naturels et maintenir et améliorer l’état du sol, de l’eau et de l’air, la santé des végétaux et des animaux, ainsi que l’équilibre entre ceux-ci ;
[…]
c) Faire une utilisation responsable de l’énergie et des ressources naturelles, telles que l’eau, les sols, la matière organique et l’air ;
Une réponse à ce débat devrait être apportée par l’Institut national des origines et de la qualité (INAO) le 11 juillet prochain.
La promesse d’une alimentation saine pas toujours tenue
De son côté le magazine 60 millions de consommateurs note dans son dernier hors-série le pouvoir de la certification bio sur les consommateurs. Un pouvoir que l’association de consommateurs dénonce puisqu’il cache parfois des produits victimes de pollutions. Ainsi les animaux élevés en plein air sont davantage exposé à la pollution des sols. Enfin, le caractère bio d’un produit ne le rend pas nécessairement plus sain à la consommation, l’exemple donné est celui des jus de fruits qui restent très sucrés.
Or, l’aspect sanitaire est un des arguments phares de produits bio, les inquiétudes sur les conséquences liées au pesticides étant très fortes. Les différents reculs du gouvernement sur l’interdiction des plus dangereux sont largement critiqués. Dans les manifs lycéennes pour une action réelle contre le réchauffement climatique, l’enjeu d’une alimentation saine était également très présente même si relégué souvent au second plan.