Audrey Duval, présidente de la branche française de Sanofi, a confirmé ce lundi matin à la presse picarde la vente de 50 % d’Orpella au fonds d’investissement américain CD&R.
L’État français tente de s’inviter au conseil d’administration par le biais de la banque publique d’investissement qui posséderait 2 % d’Orpella.
À travers ce rachat de 2 % de l’entreprise, l’État veut faire croire qu’il gardera une main sur les décisions de l’entreprise, et donc sur la sauvegarde des 10 000 emplois sur le territoire français.
Parce qu’il sait qu’il n’aura plus de poids sur les décisions de l’entreprise une fois celle-ci rachetée par le géant Américain, le ministre de l’Économie Antoine Armand tente d’assurer que le gouvernement prend l’engagement de maintenir le Doliprane sur le sol français.
Il promet également des sanctions pouvant aller jusqu’à 40 millions d’euros en cas de délocalisation. Somme que le géant Américain pourrait se permettre puisque l’entreprise possède des entreprises dans une centaine de pays, et donc la possibilité de produire à moindre coût en dégageant des marges plus importantes. La deuxième fausse menace brandie par le gouvernement est une pénalité pouvant atteindre 100 millions d’euros si le maintien de l’approvisionnement auprès des fournisseurs et sous-traitants français était rompu.
Si l’avenir de la production française des petites boites jaunes est menacé, les déclarations se voulant rassurantes du ministre de l’Industrie Marc Ferracci ne font qu’aggraver les craintes des salariés en assurant que Sanofi et le futur actionnaire majoritaire CD&R, ont consenti à s’engager sur un volume de production, correspondant à « 250 millions de boîtes de Doliprane par an » pour le marché français. Cela correspondrait à la moitié de la production actuelle et par conséquent des suppressions de postes pourraient arriver.
Ces déclarations montrent surtout que la France est prête à mettre en jeu sa souveraineté et ses approvisionnements pour faire plaisir aux grandes industries.
La CGT, rejointe par la CFDT, a lancé un appel à la grève, suivi par de nombreux salariés depuis l’annonce des négociations de vente. Ils craignent à juste titre une casse sociale pour les 1 700 emplois que compte Opella sur le sol français, dont 480 à Compiègne (Oise) et 250 à Lisieux (Calvados). Adrien Mekhnache, délégué syndicale CFDT sur le site de Compiègne, craint que l’engagement repose sur « du très court terme, pas du tout suffisant ».
Alors que la crise du covid et les ruptures fréquentes d’approvisionnement de certains médicaments devraient servir de leçon et pousser l’État à relocaliser sur son territoire la production des médicaments afin de garantir la santé de ces concitoyens, il choisit une nouvelle fois, au mépris du danger que cela représente pour les emplois et la santé, de faire un cadeau à Sanofi après l’avoir abreuvé d’argent public quasi sans contrepartie.