Une petite faim à n’importe quelle heure mais la flemme de sortir de chez vous ? Des applications sont là pour vous. Elles se multiplient, se développent et proposent toujours plus de choix sans que vous n’ayez besoin de bouger de chez vous et livrent en un temps record. Mais qu’est-ce qui se cache derrière ce service ? Qui les fait fonctionner ?
Un statut précaire
Depuis dimanche 8 juillet jusqu’au 15 juillet, en pleine Coupe du Monde, des coursiers des plateformes Deliveroo, UberEats, Foodora, Glovo ou Stuart, soutenus par le CLAP (Collectif des livreurs autonomes de Paris), sont en grève pour réclamer un statut avec de vrais droits. Mais pourquoi cette grève ? Pourquoi ces revendications ?
Bien que toutes les commandes soient maintenant informatisées, que vous n’ayez plus besoin d’user de votre salive pour vous faire livrer, des humains sont quand même au centre de ces entreprises et les font tourner. Vous ne faîtes peut-être plus attention à eux tellement ils font partie maintenant de votre quotidien, mais ils sont bien là, à se déplacer à toute vitesse dans les rues pour vous livrer le mets de votre choix. Nous parlons ici des coursiers, de ces petites mains qu’on ne remarque même plus alors qu’ils sont au cœur du processus de livraison totalement « uberisé ».
Ils sont souvent jeunes, étudiants et n’ayant pas d’emploi fixe. Ils se sont inscrits sur une des plateformes pour pouvoir se nourrir et vivre. Ces plateformes le savent et en profitent. Pour tirer toujours au plus bas les frais de livraison et augmenter le nombre de leurs clients, UberEats, Déliveroo et les grandes entreprises du secteur ont mis en place « un système fonctionnant sur la précarité de leurs travailleurs » dénonce le Collectif des livreurs autonomes de Paris qui a appelé à la grève. Les salaires des coursiers sont toujours plus bas car le nombre de livreurs augmentant, la concurrence se développe et il est toujours plus difficile pour eux de se dégager un salaire décent à la fin du mois, qui puisse leur permettre de vivre et non de survivre.
L’été dernier déjà, les coursiers de Déliveroo se sont mobilisés, comme ceux de Take Eat Easy fermé pour mauvaise gestion et faillite un an plus tôt. Ils ont essayé de s’organiser dans plusieurs villes de France contre la nouvelle tarification à la course, et non plus à l’heure, qu’impose dorénavant l’entreprise anglaise. Leur mobilisation avait fortement été relayée et avait eu le mérite de poser la question de leur statut. Ils dénonçaient aussi à travers le statut d’auto-entrepreneurs, imposé par les plateformes, un salariat déguisé, un contournement par ces entreprises du code du travail et des conditions que ce dernier dicte. Ils avaient tenté d’interpeller le gouvernement Macron, fraîchement élu, sur leurs conditions de travail mais celui-ci avait fait la sourde oreille.
Pire, aujourd’hui, ce gouvernement, par l’intermédiaire de ses députés LREM main dans la main avec les plateformes, tente d’insérer une mesure dans le projet de loi sur l’avenir professionnel, précarisant encore plus les livreurs.
LREM et les plateformes main dans la main contre les coursiers
Par « l’amendement Taché », la majorité LREM, soutenu par la Ministre du Travail Muriel Pénicaud, a en effet introduit la possibilité pour une plateforme de livraison à domicile d’établir une « charte sociale ». Celle-ci devrait définir « ses droits et obligations ainsi que celles des travailleurs avec lesquels elle est en relation » mais aucune tarification horaire minimum comme revendiquée par les livreurs ou encore des primes de pénibilité et des amplitudes horaires de travail ne sont garanties par ce nouveau texte. De plus, ce texte précise que la charte et « les éléments qu’elle contient ne constituent pas des indices de requalification de la relation contractuelle en relation de travail salarié » précise des syndicats dans un communiqué. Fabien Gay sénateur communiste du 93 est intervenu pour dénoncer cette amendement.
https://www.facebook.com/FabienGay93/videos/202632350422822/
Loin de freiner l’ubérisation du travail et la précarisation de ces nouveaux travailleurs, le gouvernement encourage le modèle de société prôné par ces plateformes, la fameuse « Start-up Nation » de Macron, et le pseudo auto-entreprenariat qu’elles développent. Cependant, face au mépris pour leurs conditions de travail de la part du gouvernement et de leurs employeurs, les coursiers à vélo se rebiffent et certains d’entre eux entendent perturber l’activité du secteur pendant la Coupe du Monde.
Des livreurs mobilisés et déterminés
A l’appel du CLAP, soutenu par des organisations syndicales, des coursiers sont en grève depuis le 8 juillet pour se faire entendre et protester contre leurs conditions de travail et le projet de loi porté par le gouvernement. Alors que cette semaine sera sûrement une des plus rentables de l’année, le CLAP appelle à la mobilisation de tous les livreurs pour arrêter le travail lors des matchs de la Coupe du Monde durant la période du 8 au 15 juillet, finale comprise, pour faire pression sur leurs plateformes en leur faisant craindre une perte de profits conséquente et les faire bouger sur leurs revendications.
Cette grève, même si dans l’immédiat les demandes ne sont pas satisfaites, sera au moins l’occasion pour ces livreurs de sortir de l’individualisation à outrance imposée par leurs conditions de travail mais aussi de s’unir et de s’organiser pour à terme triompher face à leurs employeurs pour de vrais droits.
Les sénateurs communistes ont engagé au début du mois de juin une “bataille contre la précarité : celle qui touche les travailleurs des plateformes”, sous le mot d’ordre “Pédale et Tais toi”. A travers cette bataille, les sénateurs communistes, dont Fabien Gay et Pascal Savoldelli en pointe sur ce sujet, espèrent offrir aux livreurs l’appui politique dont ils ont tant besoin. Face à la majorité LREM complice de plateformes ne proposant que du mépris et un asservissement toujours plus important, les sénateurs CRC seront en première ligne pour défendre les intérêts des coursiers.