Paulo Freire : penseur de l’éducation pour l’émancipation 

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Paulo Freire : penseur de l’éducation pour l’émancipation 

Paulo Freire est un théoricien brésilien (1921-1997), connu pour son travail sur la pédagogie comme outil d’émancipation et de lutte contre l’oppression. Il est reconnu pour son investissement dans l’alphabétisation des adultes pauvres au Brésil, une alphabétisation militante. 

Ses ouvrages et son travail ont marqué les théories de l’éducation de son siècle. Il développe une pédagogie critique, qui place l’éducation comme un processus de conscientisation, d’émancipation et de libération. 

C’est lorsqu’il est directeur du département de l’éducation, de la culture et du travail social de l’État de Pernambouc (État brésilien), qu’il développe une dialectique pédagogique de l’éducation des adultes. Dans les années 1960, il devient directeur d’un service à l’université de Recife et développe un programme d’alphabétisation à destination des paysans du nord-est du pays. En 1963, en raison du succès de sa méthode, l’État lui confie la mise en place d’un plan national d’alphabétisation ; dans un pays où plus de quarante millions de personnes sont analphabètes et où le droit de vote est réservé à ceux et celles sachant écrire et lire. Mais il ne pourra pas aller au bout de son travail. Après le coup d’État de 1964, Freire s’exile au Chili. Sur place, il travaille pendant cinq ans à un programme d’alphabétisation des paysans. Une expérience qui l’amène à comprendre les mécanismes de domination, issus de la domination bourgeoise, dans l’éducation et son impact dans le maintien de l’oppression et de l’ordre établi. 

Sa méthode est une “pédagogie libératrice et humaniste”, elle est indissociable du mouvement social. C’est une méthode pédagogique dépourvue d’une structure hiérarchique dans la relation éducative, évitant ainsi la domination de l’éducateur (au sens large du terme : enseignant, éducateur spécialisé, formateur…) sur l’élève. En effet, l’éducation doit se réaliser avec la personne, elle doit permettre une conscientisation qui permet à chacun et chacune de participer à la vie politique et de lutter pour la libération contre l’oppression. Freire considère que le prolétariat doit prendre conscience des oppressions qu’il subit et de leur cause, pour pouvoir ensuite s’investir dans une lutte pour sa libération et récupérer son humanité. La prise de conscience, que l’on peut qualifier de conscience de classe, c’est l’intellectualisation par les opprimés des oppressions qu’ils et elles subissent ainsi que de leur cause. En effet, Freire explique qu’ils ont conscience des oppressions en vivant l’expérience de manière quotidienne, mais que seule la réflexion concernant celles-ci et comment elles sont mises en œuvre par ceux qu’il qualifie d’oppresseurs permet de déboucher sur une action libératrice. Cette mise en action pour la révolution ne peut donc se faire sans une éducation qui émancipe. Cette théorie est développée dans son ouvrage le plus connu : La pédagogie des opprimés. Elle a pour objectif de lutter contre les inégalités et de transformer la société, dans une perspective révolutionnaire. 

« Personne n’éduque personne, personne ne s’éduque soi-même, les êtres humains s’éduquent entre eux, médiatisés par le monde. » (Paulo Freire – 1974, Pédagogie des opprimés ). 


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