À mesure que la guerre continue à Gaza et en Cisjordanie, la haine se propage et le conflit s’essentialise autour de la question religieuse. La colère qui devrait être portée contre la colonisation, le génocide et l’acte d’un État se déplacent dangereusement vers une haine des individus, en fonction de leur croyance ou prétendue croyance. Depuis octobre, 25 % des Français juifs affirment avoir été victimes d’un acte antisémite, d’insultes ou d’agression. Le chiffre s’élève à 37 % pour les moins de 25 ans.
La vandalisation du mémorial de la Shoah et l’attaque d’une synagogue à Rouen acte une montée en puissance des actes antisémites en France. Aurait-on déjà oublié les 6 millions de Juifs victimes du nazisme ? Car c’est ça que provoque l’essentialisation du conflit, l’oubli de l’histoire.
Les images violentes avec lesquelles nous nous sommes réveillés mardi matin ne peuvent que nous indigner. Les mains rouges, ce n’est pas le cessez-le-feu, ce n’est pas la paix, c’est encore la violence et la haine.
La colère et la lutte pour le peuple palestinien est à diriger contre un gouvernement colonisateur, génocidaire. Pas contre une religion. Cette réorientation de la colère provoque des replis identitaires forts qui ne font que fracturer la société française.
La France, dans son unité, ne peut supporter des actes comme ce que nous avons vécu. Dans le même temps, elle ne peut pas fermer les yeux sur le massacre qui se déroule à Gaza.
Nous qui prônons la liberté des peuples à s’autodéterminer, nous devons prendre nos responsabilités. Notre nation doit reconnaître l’État palestinien comme elle doit condamner les actes antisémites. Notre nation doit peser de tout son poids pour que soit signé un cessez-le-feu, comme elle doit protéger l’ensemble de ses concitoyens sur son sol.
Trop d’amalgames ont été commis dans ce conflit.
Non, tout le peuple juif n’est pas comptable des crimes commis par Israël. Non, la solidarité envers le peuple palestinien n’équivaut pas à un soutien au terrorisme.
Nous ne construirons jamais la paix sur des fondations de haine.