Le 20 juin dernier Ipsos et l’association mémoire traumatique et victimologie présidée par Muriel Salmona, présentaient une enquête sur la culture du viol en France. Les mêmes acteurs avaient déjà établi un premier constat il y a trois ans, ici les mêmes questions ont été posées, permettant de connaître notamment en parti l’impact du mouvement Me too.
Des évolutions en demi-teinte
Les questions étaients divisées en plusieurs thématiques, sur les stéréotypes de genres liés à la sexualités, pour cette partie c’est une nette amélioration: 74% des interrogé·e·s de 2015 pensaient que les femmes ont besoin d’être amoureuse pour envisager un acte sexuel, en 2019 ils ne sont plus que 64%, ou encore une baisse du nombre de personnes pensant que les hommes sont moins rationnels que les femmes. Néanmoins du côté de la culpabilisation des victimes les chiffres sont beaucoup moins bon, on peut citer en autre 31% (27% en 2015) pensent que si la victime à déjà eu des rapports avec le violeur, cela atténue la responsabilité de l’agresseur voir rend en partie responsable la victime, dans toutes les affirmations proposées le taux de dé-responsabilisation du violeur est en hausse.
Sur les mythes liés au viol les résultats sont mitigés, plus de français·e·s considèrent que les fausses plaintes sont nombreuses (avec pour raisons invoqués, une déception amoureuse 37% ou pour attirer l’attention 28%), tandis qu’ils sont moins nombreux qu’en 2015 à considérer que les violeurs sont des marginaux et des malades mentaux.
Un traitement médiatique pas à la hauteur
Ces résultats mitigés peuvent s’expliquer en partie en raison d’une libération de la parole qui ne s’est pas faites que du côté des victimes. On se souvient de la tribune d’actrices françaises sur “la liberté d’importuner” ou encore plus récemment des propos de Daniel Riolo sur RMC estimant qu’une femme mentait en accusant de viol un footballeur parce qu’il l’a trouvait laide. Cette forte médiatisation aurait pu conduire au débat “comment les pouvoirs publics, doivent réagir ?”, “comment protéger les victimes ?”, “quels moyens pour les associations luttant contre les violences sexistes?”, une médiatisation qui aurait dû entraîner aussi celles d’expertes du terrain : assistantes sociales, conseillères conjugales, avocat·e·s, chercheurs etc.
En réalité de nombreux médias ont choisi d’organiser des débats comme celui ci sur BFM : “pour ou contre le mouvement balance ton porc ?” ou encore sur C8 “êtes vous d’accord avec le mouvement balance ton porc? “ mené le plus souvent par tout le monde et n’importe qui, comme si on pouvait débattre d’un crime d’un simple pour ou contre, ouvrant la voie et les plateaux aux paroles les plus misogynes et violentes. Sur le fond, la réaction gouvernementale ne fut pas de former dès les premières retentissement les policiers à l’accueil des victimes de viol ou d’augmenter les budgets des associations mais une campagne de communication “Réagir peut tout changer”, loin de la révolution et d’être à la hauteur de l’enjeu, puisque l’on confie la gestion des agressions aux passants quand tous les chiffres montrent que c’est massivement dans l’intimité des maisons familiale qu’on lieu les viols.
Me Too a marqué la société
Malgré ce traitement médiatique, 83% des personnes interrogé·e·s estiment que MeToo a eu un impact positif sur la capacité des victimes à témoigner, 75% sur le soutien de l’entourage des victimes de violences sexuelles.
Des chiffres largement confirmé par l’enquête de la fondation des femmes publié en septembre 2018, dans ce sondage seules des victimes ont été interrogé·e·s : 71% d’entres elles ont choisi de témoigner dans le sillage du mouvement metoo, 95% jugent que cela à eu un impact positif dans leur vie.
Un autre point est à noter dans les améliorations, la connaissance des faits et de leurs qualification, les français savent désormais mieux ce qui relève du viol ou de l’agression. Cependant si les milliers de femmes qui se sont exprimés à travers des hashtags ou en repas dominical forme un premier pas de géant,salvateur pour la majorité d’entres elles, la réponse collective à été décevante, porte close dans les commissariat, associations débordées etc.
Un an après “metoo”, où enfin on a entendu cette parole, témoigner ne suffit plus, ce sont des moyens dont les acteurs de terrains manquent pour contrecarrer les idées reçues, informer, former, accompagner les victimes, mieux les détecter, fournir des soins psychologiques, sans tout cela, au minimum, les chiffres de la persistance de la culture du viol ne pourront pas changer.