Les lycéens se chargeront eux-mêmes de la sélection sur Parcoursup

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Les lycéens se chargeront eux-mêmes de la sélection sur Parcoursup

Le 15 janvier marquera l’ouverture de la version 2025 de la plateforme Parcoursup. Dans cette nouvelle édition, un changement majeur soulève des inquiétudes : l’apparition d’un simulateur qui évalue les chances d’un lycéen d’être admis dans une formation, basé sur les données d’admission des trois dernières années.

En entrant leur moyenne générale et leurs matières de spécialité (pour les lycéens généraux), ou leur série/spécialité (pour les lycéens technologiques et professionnels), les utilisateurs peuvent obtenir une estimation de leurs chances d’intégrer la formation de leur choix. Ce simulateur est accompagné d’une « carte d’identité » des formations, qui précise notamment leur niveau de sélectivité.

La pression de la sélection

L’orientation scolaire représente déjà une source majeure de stress pour les lycéens, confrontés à des choix complexes entre différentes filières, la rédaction de lettres de motivation, puis l’attente des résultats. Cette pression est d’autant plus forte pour ceux qui rencontrent des difficultés scolaires et pour lesquels le système éducatif n’encourage pas la poursuite d’études.

La sélection à l’entrée de l’enseignement supérieur est un système de comparaison entre les élèves : les notes, les spécialités ou filières choisies, voire le lycée d’origine sont des critères de jugement. Avec les nouvelles fonctionnalités de Parcoursup, les lycéens se retrouvent désormais face à un calcul précis de leurs chances d’admission dans la filière qu’ils convoitent. Ceux qui obtiennent des pourcentages faibles se trouvent confrontés à une réalité décourageante. Cette pression ne peut que s’intensifier, d’autant plus que chaque année, des dizaines de milliers de jeunes restent sans proposition d’admission.

La plateforme du tri social

Parcoursup ne se contente pas de faire le lien entre les lycéens, leurs aspirations et les établissements d’enseignement supérieur. En réalité, elle participe à un processus de sélection qui reste largement opaque, fondée sur des critères souvent excluant des classes populaires, face aux places limitées par le manque de moyens. Cette logique de sélection n’est pas neutre, elle repose en grande partie sur des critères sociaux.

En évaluant eux-mêmes leurs chances d’admission grâce à la plateforme, les lycéens se retrouvent dans une position où ils doivent choisir leurs formations en fonction de leur parcours scolaire et de leurs résultats, plutôt qu’en fonction de leurs réelles aspirations. Cette tendance à l’autocensure, déjà présente chez de nombreux lycéens issus de milieux populaires, risque de s’aggraver. L’influence du simulateur incite à se tourner vers des formations perçues comme « plus sûres », au détriment de véritables projets professionnels.


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