La prochaine édition de la Fête de l’Humanité se déroulera les 15, 16 et 17 septembre 2017 à la Courneuve. C’est l’occasion pour nous de vous reconstruire un petit historique de cette fête née il y a 87 ans.
La naissance de la Fête
En 1930, Marcel Cachin, le directeur du journal quotidien communiste L’Humanité, fondé par Jean Jaurès, crée la Fête de l’Humanité. L’objectif est à l’époque de créer un événement populaire et accessible. Véritable manifestation de la « Solidarité prolétarienne » elle fédère encore les anciennes et nouvelles générations autour de concerts, débats et multiples animations. Le second objectif est bien évidemment de développer le journal qui à l’époque dépasse les 300 000 exemplaires jours.
La Fête et le Front Populaire
Regarder : La fête de l’humanité en 1936 au parc de Garche
Avec l’arrivée du Front Populaire au pouvoir en 1936, c’est le début des concerts de grande ampleur et l’affluence explose puisqu’on compte autant de festivaliers que d’exemplaires du journal publiés. Le contenu politique de la fête mêle internationalisme, antifascisme, et Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, dénonce violemment les « trotskistes », faisant référence au contexte international puisque c’est l’époque des grands procès de Moscou (1936-1939).
Ce grand rassemblement populaire témoigne à l’époque de la capacité du PCF à s’adapter à de larges secteurs de la société française en mêlant modernité et tradition, internationalisme et patriotisme.
En 1937, les tirages du quotidien atteignent un pic de 350 000 exemplaires, c’est aussi le début des stands étrangers à la Fête ce qui amène une dimension internationale au festival.
L’apogée d’après-guerre
Regarder : La fête de l’humanité en 1946
Pendant la seconde guerre mondiale, le régime de Vichy interdit la parution du journal et la fête de l’Huma par conséquent, ce sont donc des années de clandestinité dont le groupe ressort grandement fortifié. C’est d’ailleurs à cette époque que le festival accueille un million de personnes, record jusqu’alors jamais battu.
Le rayonnement de la fête après la seconde guerre mondiale s’explique par le rayonnement du parti communiste, c’est d’ailleurs durant cette édition que Maurice Thorez remet la carte du millionième adhérent. Deux semaines après cet évènement, les élections législatives ont lieu, le PCF y obtiendra 26% des voix.
Durant la Guerre froide, la Fête prend position pour la paix et se pose en dénonciatrice des crimes impérialistes de la France commis en Algérie par exemple. Elle prend parti contre la guerre du Vietnam et de Malaisie en 1950, soutient la Corée (1951-1953), s’oppose à la guerre d’Indochine (1951-1954), à la guerre d’Algérie (1956-1962), soutient les progressistes grecs (1961), espagnols et portugais (1962), dénonce la guerre du Vietnam (1964-1975).
C’est une période où l’URSS est très visible puisque le Spoutnik est célébré en 1958, Youri Gagarine invité en 1959 et les Chœurs de l’Armée soviétique viennent même en 1968 !
Des années 70 aux années 80
Avec les années 70 vient l’union de la gauche (alliance électorale conclue entre le Parti socialiste, le Mouvement des radicaux de gauche et le Parti communiste français, de 1972 à 1977), la fête de l’Huma ne reste pas sur le côté et l’union est le thème principal des débats et animations qui prennent de plus en plus d’ampleur ! Bien sur le sujet de la solidarité internationale est toujours majeur : on retrouve de grandes campagnes pour la libération d’Angela Davis (1971-1973) ou de soutien avec le Chili, la Grèce, l’Indochine, l’Espagne, le Portugal, le Moyen-Orient (années 70).
Avec l’arrivée de Mitterrand au pouvoir en 1981 la fête de l’Humanité multiplie son soutien aux luttes ouvrières notamment celles de l’industrie automobile dont l’objectif est de peser dans les débats politiques. Les ministres communistes présents au gouvernement sont accueillis comme des héros.
Dans les années 80, la fête prend position contre le projet du président américain Richard Nixon de reprendre les essais de la bombe à neutron mais apporte aussi son soutien au peuple irlandais et milite pour la libération de Nelson Mandela.
Du côté du sport, la fête n’est pas en reste elle accueille le patinage artistique avec la présence de nombreux médaillés olympiques. En 1981 elle accueille 1 an avant son entrée aux jeux olympiques la gymnastique rythmique.
Les années 90
Suite à l’effondrement du bloc soviétique la fête est quelques peu modifiée et un pôle résistance est créé dans le but de maintenir une idée révolutionnaire et internationale.
Dans les années 90 la droite arrive au pouvoir les mouvements sociaux s’amplifient la fête donne rendez-vous aux acteurs des mouvements sociaux. La cohabitation gouvernementale laisse perplexe et remet en cause le changement. En 1999 le journal l’Humanité n’est plus l’organe central du PCF.
La fête accueille de grandes personnalités durant les années 90 telles qu’Angela Davis, Leïla Shaïd et s’engage dans des mouvements altermondialistes et dans la reconnaissance de l’Etat Palestinien et s’insurge contre la guerre du golfe.
Les années 2000
Par la suite, c’est en 1999 que le festival s’implante à la Courneuve après avoir changé de multiples fois de lieu. Au début des années 2000 la fête s’ouvre aux associations, syndicats et autres forces politiques que le PCF il s’agit de plus en plus d’une réunion d’acteurs du mouvement social.
Elle suit l’actualité notamment l’élection présidentielle de 2002 lorsque Jean Marie Le Pen est au second tour, le résultat au référendum sur la constitution européenne est très suivi car le Parti Communiste Français avait fait campagne contre.
La fête est aussi le carrefour des luttes et un lieu de convergence des luttes s’opèrent. La révolte des quartiers suite à au décès de Zyed et Bouna ainsi que le contrat première embauche (cpe) et la délocalisation d’entreprise. Toutes ces luttes se retrouvent à la fête de l’huma pour partager leurs expériences et s’entraider.
Depuis toujours jusqu’à aujourd’hui
Tous les ans la Fête de l’Humanité porte un intérêt particulier à une grande cause chère aux valeurs humaines ainsi en 1946 des actes de solidarité se mettaient en place pour les martyrs espagnol, l’édition 1969 vient soutenir le peuple vietnamien et rend hommage à Ho Chi Minh, 1983 nous évoque l’Afghanistan, etc…
Cette grande fête a aussi accueilli les plus grands : Jacques Brel, Les Rita Mitsouko, Chuck Berry, Patti Smith, Pink Floyd…
Absolument pas réservée à un public communiste elle est centre de diversité d’opinions et de milieux sociaux, c’est l’une des fêtes les plus connues de France, et les plus fréquentées, la Fête de l’Humanité fait désormais partie du patrimoine culturel et politique.