Dimanche dernier, le peuple brésilien a élu Lula comme président. Après un premier tour très serré et un entre-deux-tours rythmé, le candidat du Parti des travailleurs a battu de peu le président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro. En effet, Lula s’est imposé avec une mince avance et un résultat de 51 % des voix.
Après le bilan catastrophique de Bolsonaro sur tous les plans, Lula va devoir faire face à de grandes difficultés, mais compte bien continuer sur la lancée de ses deux précédents mandats.
Par la création de l’Auxilio Brasil, l’amélioration de la Bolsa Família qu’il avait créée, une allocation supplémentaire sera versée aux foyers pour chaque enfant de moins de six ans. Lula entend aussi augmenter les salaires, continuer son combat contre la faim, aider les familles endettées et augmenter le pouvoir d’achat.
Pour ce nouveau mandat, Lula va devoir réparer les méfaits de Jair Bolsonaro, le mandat de ce dernier ayant marqué un vrai retour en arrière pour le pays. Ainsi, Lula prévoit donc de revenir sur la réforme du Code du travail adoptée sous Bolsonaro pour renforcer la protection sociale.
Concernant l’écologie, les enjeux sont plus grands que jamais tant la politique du président sortant s’est basée sur la recherche du profit en dépit total de la protection de l’environnement. Sur la seule année 2019, la déforestation avait alors augmenté de 85 %, là où elle avait baissé de 70 % durant les précédents mandats de Lula.
Bolsonaro encore trop présent
Cependant la tâche ne s’avère pas facile. Pour l’emporter et sortir son pays des mains de l’extrême droite, Lula a su créer une coalition derrière lui. Cette alliance, comprenant dix partis de gauche jusqu’au centre, comptait même d’anciens rivaux. Si cette coalition a permis à Lula de remporter l’élection présidentielle, elle ne lui a pas permis d’obtenir une majorité au parlement.
En effet, à la Chambre des députés, le Parti libéral de Jair Bolsonaro obtient 99 sièges contre 80 pour les partisans de Lula. Au Sénat aussi, Bolsonaro conserve l’avantage avec 13 sénateurs contre 9 pour Lula. À ce titre, Lula va devoir travailler à des alliances avec les partis de gauche, mais également avec ceux du centre et notamment du centre droit pour espérer avoir l’avantage sur l’extrême droite, incarnée par le Parti libéral.
Une autre difficulté se trouve aussi dans le fait que sur les 27 États du Brésil, 14 se trouvent désormais dirigés par des gouverneurs pro-Bolsonaro. C’est le cas d’États très riches comme celui de Sao Paulo ou de Rio. Dans un État fédéral comme le Brésil, les gouverneurs sont en mesure de prendre des décisions en matière de santé, d’éducation ou de justice, ce qui pourra alors constituer un frein aux ambitions progressistes de Lula.
Faire face à l’extrême droite
Dernier rebondissement en date, le président sortant Jair Bolsonaro s’est enfin exprimé sur le résultat des élections. Quarante-huit heures après le résultat, Jair Bolsonaro a pris la parole pour annoncer qu’il acceptait sa défaite, insistant sur son souhait de « respecter la Constitution ».
Contrairement à ce qui était redouté, il n’a donc pas contesté l’élection. Cependant, des dizaines de milliers de manifestants pro-Bolsonaro sont descendus dans les rues pour protester contre la victoire de Lula. Ils n’ont de cesse de demander une intervention de l’armée et appellent à une « résistance civile ».
Bolsonaro s’est alors exprimé sur ces mouvements, les qualifiant de « légitimes », mais appelant les manifestants à lever les barrages routiers. La situation est d’autant plus préoccupante que ces manifestants ne cachent en rien leurs idées d’extrême droite et nous avons alors pu voir au cours des derniers jours des images de ces rassemblements où de nombreux manifestants effectuaient des saluts nazis.
Plus que jamais, le Brésil doit continuer de faire face à une extrême droite offensive qui n’entend pas se taire. Cependant, l’élection de Lula représente un immense espoir pour le pays. Le bilan des précédents mandats de Lula laisse présager qu’il sera à la hauteur du défi.
Nous ne pouvons qu’espérer qu’il saura, au cours de son mandat, mobiliser le peuple brésilien derrière lui et le rassembler une bonne fois pour toutes autour de ses mesures progressistes.