Mamadou Garanké Diallo, 21 ans, est décédé après avoir été percuté par un camion près de Dunkerque. Le jeune homme, employé dans une boucherie de Darnétal (Seine-Maritime), tentait de rejoindre l’Angleterre, redoutant l’exécution de son obligation de quitter le territoire français (OQTF) reçue quelques mois plus tôt.
Un jeune travailleur
Arrivé en France à l’âge de 16 ans, Mamadou avait été pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de Paris. Il avait obtenu son brevet des collèges avant d’intégrer un CAP boucherie. Durant sa formation, il est repéré par Claude Renard, alors propriétaire de la boucherie Renard à Darnétal, qui décide de l’embaucher en 2020.
« Très courageux et bien intégré », confiait-il à son sujet.
Une première OQTF malgré le soutien local
En avril 2023, une première OQTF est prononcée contre lui. Très vite, une mobilisation locale s’organise : son employeur, plusieurs clients, ainsi que des élus — dont le maire de Rouen et plusieurs députés — écrivent au préfet pour demander son maintien sur le territoire.
Une pétition circule. Grâce à cette mobilisation, Mamadou obtient une carte consulaire lui permettant de rester temporairement en France et de continuer à travailler.
Une deuxième décision fatale
Mais en mai 2025, une nouvelle OQTF est décidée par la préfecture. Craignant une arrestation imminente, Mamadou prend la fuite. Quelques semaines plus tard, il meurt tragiquement sur la route de l’exil.
« S’il n’y avait pas eu d’OQTF, il serait encore là »
La nouvelle de son décès provoque une onde de choc à Darnétal.
« J’ai du mal à digérer… C’était un gamin. S’il n’y avait pas eu d’OQTF, il serait encore là. Il ne méritait pas ça », confie Frédéric Bécu, actuel gérant de la boucherie.
« J’étais prêt à lui proposer un CDI. Ça m’a révolté. Il avait du travail, et on cherche à le renvoyer. »
En signe de deuil, il a fermé son établissement le jour de l’annonce du décès.
Colère et honte face à une politique implacable
Sur les réseaux sociaux, Édouard Bernard, député PCF de la 3ᵉ circonscription de Seine-Maritime, rend hommage au jeune homme :
« Les voix de la solidarité n’ont pas été entendues. Mamadou est décédé. Ma peine est aussi grande que ma colère et ma honte. »
Dans une circulaire du 23 janvier 2025, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau demandait aux préfets de systématiquement accompagner tout refus de séjour d’une OQTF.
Une politique dont Mamadou Diallo est aujourd’hui une victime de plus.